Après mes deux récits concernant le stop (ici et ici), je vais donner quelques conseils sur le stop pour ceux qui souhaitent se lancer.

 

Je vais commencer sur l’aspect sécurité en stop car il faut être préparer au pire. (et puis comme cela vous fera découragera, vous n’irez pas me faire de la concurrence #joke). De plus, cela répondra sans doute à vos interrogations -légitimes- Le stop est-il dangereux ? (la réponse est évidemment non… cela reviendrait à dire que tous les gens que vous croisez sur la route, vous y compris donc, êtes dangereux)

Tout d’abord, cela peut paraître évident mais les femmes et les hommes ne sont pas égaux face à cette pratique. (et comme pour les salaires, on est mieux lotis que vous, mesdemoiselles) Il peut arriver qu’un homme se fasse agresser mais ,si mes souvenirs sont bons, une femme a une probabilité 10 fois plus forte de l’être. N’étant pas une femme, moi-même je fais attention malgré tout depuis qu’un ami polonais, auto-stoppeur pro (Pologne-Iran, Pologne-Chine, de multiples voyages et cours d’autos-stop à travers l’Europe. Przemek Skokowski pour les curieux. Il vient même de sortir un livre qui est en train de devenir un bestseller en Pologne) s’est fait agressé en pleine nuit. Cela aurait pu se terminer mal, très mal. De fait, le premier aspect que j’aborderai est

 

#1 La sécurité en STOP

 

C’est l’aspect le plus important… tout d’abord d’un point de vue physique. Personne n’a envie de se faire agresser… mais aussi d’un point de vue matériel. Personne n’a envie de se faire voler. (surtout que j’ai toujours mon appareil au fond du sac… même si je ne le sors pas)

 

– La rencontre avec le conducteur

 

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Alors, tu montes où tu pourris sur place ?

Dans la pratique du stop, les premières secondes de la rencontre sont déterminantes. On jauge notre potentiel sauveur… suivant la situation dans laquelle on se trouve (si on attend depuis des heures, si personne ne passe, s’il fait mauvais)… forcément, on réduit nos critères. Pourtant, quoiqu’il arrive, il y a certaines limites que je n’ai jamais franchi et que je ne franchirai jamais.

Voici mes règles du “je ne monte jamais…”

–  dans une voiture si le conducteur ou la conductrice me parait trop nerveux ou/et se trouve sous l’emprise de produits stupéfiants
–  dans une voiture où on me propose de monter à l’avant alors que des personnes se trouvent déjà à l’arrière
–  dans une voiture aux vitres teintées

 

Il faut apprendre à dire non… évidemment, ces règles sont les miennes et vous n’êtes pas obligées de les suivre. Mais fixez-vous toujours des limites pour ne pas tomber dans une situation où vous ne saurez pas gérer le stress, la peur et le potentiel danger.

 

– Les premiers gestes

 

Vous savez où vous aller, où vous allez vous rendre. Il est naturel que votre conducteur le sache aussi… une personne qui va dans une direction que vous ne connaissez pas, avec une voie en dehors de l’axe sur lequel vous souhaitez rester ne vous est pas utile. Un touriste qui se balade et qui est complètement perdu risque de vous débarquer au milieu de nulle part et vous aurez non seulement du mal à rejoindre l’axe que vous souhaitez mais ce genre de situation vous met aussi en danger.

En clair, sachez où vous allez, comment y aller (les grands axes, points clés de passages) et ayez en tête la trajectoire de votre conducteur. 

 

  • Si vous êtes seul.

Que vous ayez de gros sacs ou non, ouvrez la portière. Si vous avez de gros sacs, la personne vous dira que vous pouvez le mettre à l’arrière ou dans la voiture. Laissez-alors la portière ouverte et le second sac (si vous en avez un) à l’extérieur puis allez déposer vos sacs. Vous pouvez en profiter pour faire une photo discrète de la plaque ou la mémoriser. Une fois à l’intérieur, vous pouvez soit envoyer un message à votre famille avec le numéro de la plaque en expliquant pourquoi au conducteur soit feindre de l’avoir envoyé.

 

  • Si vous êtes 2.

Un reste à l’intérieur, l’autre s’occupe des sacs avec la portière ouverte. En tant que mec, je m’occupais toujours des sacs et je notais la plaque au cas-où.

 

– Durant le trajet.

 

Assurez-vous que votre interlocuteur ait bien compris où vous souhaitez aller.

Préparer mentalement le déroulement du trajet sur un trajet court (quelques heures max). Si vous vous sentez à l’aise, il sera temps d’aviser par la suite avec votre conducteur s’il est sur la bonne voie.

Mais si je sais où je vais... encore un pti verre et pi... et piiiii on y va mon kiki ! Oh petit ? Au fait, t'as le permis au cas où::: ?

Mais si je sais où je vais… encore un pti verre et pi… et piiiii on y va mon kiki ! Oh petit ? Au fait, t’as le permis au cas où::: ?

Une règle de courtoisie implicite veut que les gens qui vous prennent en stop, en échange du coup de main, souhaitent un peu de compagnie… pour faire la conversation sur la route. (bon, je joue sur l’ambiguïté concernant le “un peu de compagnie” car les conducteurs souhaitent parfois autre choses. En particuliers les conducteurs de poids lourds qui sont assez directes… pour la petite anecdote, oui, il y a des conducteurs gais qui peuvent être probablement aussi lourds que les hétéros).

Faire la conversation avec le conducteur est non seulement plaisant (pour ma part) mais est aussi instructif. On apprend sur l’autre. On juge et on se permet ou non d‘étendre sa zone de confiance… ce qui peut ensuite nous permettre d’être moins sur les gardes sur le reste du trajet. On peut décider de reste plus longtemps avec le même conducteur.

 

A éviter. Dormir durant le trajet dans la voiture ou le camion quand on est seul… Je contourne la règle, parfois, si tous mes voyants sont au vert. Aucun stress après avoir discuté longtemps avec le chauffeur de poids lourd, partagé son repas (les symboles sont importants) et lorsque je suis vraiment trop crevé. Je m’autorise alors à fermer l’oeil pour de courtes durées. 2h grand max. 

 

– Que faire si on est bloqué la nuit sans être arrivé là où on le souhaitait ?

 

Naturellement, on aura un sac de couchage avec une tente donc on pourra se mettre à l’abris. Je ne donnerai pas un cours sur où planter la tente mais évitez les aires d’auto-route. Dans ce cas, privilégiez les stations services en attachant votre sac à la table ou la chaise.

Je n’ai jamais encore dormi au sein de la cabine ou de la voiture d’un conducteur pour la nuit. (pourtant on m’a proposé) C’est une limite personnelle que je me suis fixé et que je franchirai peut-être un jour si l’entente est très bonne, que tous mes voyants sont au vert et que je n’ai pas la possibilité de dormir à l’extérieur (conditions météos) et que station service est hors d’usage.

Dans l’absolu, je ne passe jamais plus de 12h avec le même conducteur. Là aussi, tout dépend du lieu. Je me suis jamais lancé sur un transsibérien par la route donc je ne sais pas… et ne pas avoir de potentielles chauffeurs sur plusieurs jours (comme cela peut-être le cas) en plein hiver… hum hum, on doit réviser notre jugement. Ce fut d’ailleurs le cas de mon oncle… une tempête de neige un peu trop tôt, il n’avait pas prévu, enlisé ! (Jusqu’à quand doit on garder les pneus d’hiver ? Si vous vous posez la question, en Sibérie, la réponse est simple, tu ne les enlèves jamais !)

 

– Derniers conseils de sécurité.

 

  • On a sur soi un téléphone chargé. Toujours. Même un vieux pour rester en contact en cas d’urgence… et envoyer le sms de la plaque d’immatriculation/
  • Pour les hommes, comme pour les femmes, un spray au poivre. Cela a sauvé la vie de mon pote en Iran, (qui a pourtant la carrure d’un rugbyman)
  • Pour les filles, on peut voyager à 2, cela rassure…
  • Une petite lampe torche métallique ou résistante.
  • Sac de couchage et tente obligatoire pour les longs trajets sans civilisation proche
  • De la nourriture et de l’eau pour 24h voir plus si besoin et situation
  • On garde ses papiers et son argent sur soi, pas dans le sac dans le coffre de la voiture… mais on peut en disperser un peu partout pour que tout ne soit pas en un seul endroit.
  • Si on voyage à l’étranger, on se muni d’un papier contenant les phrases d’urgence sur lequel est écrit les phrases suivantes “aidez-moi” “j’ai été agressé” “je veux me rendre à la police”
  • A l’étranger, ayez dans votre répertoire (et dans votre carnet) les numéros d’urgence. En Europe, c’est 112.

 

– En cas de début d’agression

 

J’ai vécu un cas de début d’agression que j’ai mis fin en parlant fort et en demandant d’arrêter le véhicule (ce que le conducteur fit). Pour le reste, témoignages (d’auto-stoppeuses, souvent, que j’ai croisé sur la route). Lorsque le conducteur est trop insistant, qu’il ne suit pas la bonne trajectoire et que c’est suspect.

  • Parlez simplement, fermement et fort en le regardant fixement ou en regardant la route.
  • Demandez  à vous arrêter dés que possible sur une aire d’auto-route, une sortie…
  • S’il n’obtempère pas, vous pouvez le menacer d’appeler la police ou (le mettre en joug avec votre spray jusqu’à ce qu’il s’arrête)
  • Sortez en laissant la portière ouverte et récupérer votre gros sac le plus rapidement possible.

A savoir, pour les filles, les conducteurs du poids lourd vous demanderont parfois si vous seriez intéressée par une partie de jambe en l’air. Comme certains le disent “l’homme propose, la femme dispose”. Un “non” ferme suffit le plus souvent. Ne vous sentez pas forcément agressé par cette demande, les conducteurs sont assez directs. Cela arrive aussi aux mecs. On m’a demandé (2 fois) si je ferai une fellation. (Sur le coup, j’ai explosé de rire). Le seul ennui est si le conducteur devient vraiment trop insistant.

#2 – Les pratiques du stop : passif ou actif ?

 

On peut choisir l’une ou l’autre des voies suivant la possibilité… à moins de courir après les voitures (ce que je vous déconseille 🙂 On ne peut être actif dans les lieux où les voitures sont à l’arrêt. En station-service et dans les parkings en général… ou il y a du monde (être actif en volant une voiture pour se déplacer n’est pas considéré comme de l’autostop…

 

– L’auto-stop Passif

 

Prends-moi dans ta voiture... allez, prends-moi...

Prends-moi dans ta voiture… allez, prends-moi…

Comme son nom l’indique… on ne fait pas grand chose. Cela ne veut pas dire que l’on ne fait rien… pour que le bon client s’arrête, il faut lui donner envie.

alors on sourit, ou a (ou non) une pancarte avec le nom de la destination et on temps le pouce. Attention, à évitez dans certains pays le pouce levé (lisez pour cela les signes et les gestes à éviter en voyage)

#TechniquedeNinja : le livre !

 

Ma petite technique secrète qui marche et fait passer le temps : un livre. En plus, cela vous donne un air cultivé, gentil et calme. De bons points pour vous… bon, évitez les titres douteux (10 bonnes manière d’arnaquer et de voler son prochain, comment manipuler son entourage, histoire des crimes parfaits…). Dernièrement, je lisais les confidences du Dai Lama… cela fait son petit effet lorsque les voitures ralentissaient… Si Si !

#TechniquedeNinja : l’humour !

 

Vous pouvez également jouer sur l’humour avec votre texte sur les pancartes… je me souviens d’un auto-stoppeur qui avait écrit “Un auto-stoppeur de pris = +2 points sur le permis” Croyez-moi, il n’attendait pas longtemps… Le sourire ouvre des portes 😉

 

– L’auto-stop Actif

 

Si une mamie a certaines difficultés dans les escaliers du métro, iriez-vous l’aider spontanément ? Bon, je sais que mes amis parisiens se feraient une joie de la pousser pour qu’elle permette aux autres de circuler mais si elle vous demande, refuseriez-vous de l’aider ? Non… même les parisiens aident ! (parfois… si c’est un jour férié précédé du jour de paye les années bisextiles)

Demandez à un parking ou à une station service ne vous coûtera rien. On vous refusera.. beaucoup… mais cela vous permettre peut-être d’être pris par quelqu’un qui ne

Pourquoi personne ne veut de moi ? Pourquoiiiiii ?

Pourquoi personne ne veut de moi ? Pourquoiiiiii ?

l’aurait pas fait de lui-même. Aller vers les autres a du bon ! Dans tous les cas, lorsque mon pouce passif était infructueux et que je me trouverai sur un parking, une station service ou une aire d’auto-route. Je prenais mon courage à deux mains, ma mine la plus innocente et GO. Je mettais en général moins de 30 min pour trouver quelqu’un. Après ça, vous pouvez préparer votre carrière de commercial, les refus, vous gérer parfaitement !

 

C’est à ce moment là que connaître plusieurs langues peut s’avérer utile… car sur la route, il n’y a pas que les locaux. Il y a aussi les touristes qui roulent et voyagent 🙂 Justement, si vous connaissez la langue et que vous voyez qu’ils ne sont pas trop chargés, n’hésitez pas. Ils sont en vacances, ils ont -forcément- le temps et ils sont moins tendus !

 

#3 – Que faut-il encore savoir pour se lancer sur la route ?

 

Sachez qu’il n’y a pas d’âge pour faire de l’auto-stop… j’ai rencontré des personnes âgées qui voyageaient en stop. Evidemment, certains les regardaient d’un mauvais oeil mais ce sont les mêmes qui le faisaient pour moi aussi… en fait, je crois que ces personnes qui jaugeaient les auto-stoppeurs, jeunes et âgés, avaient souvent un problème avec la société entière.

 

Le meilleur endroit pour trouver quelqu’un qui vous prendra en stop doit

 

  • vous rendre visible au conducteur
  • vous gardez en sécurité (au milieu de la route, vous serez visible mais pas forcément en sécurité)
  • être roulant, c’est-à dire avec de la circulation (oui, cela augmente vos chances)
  • être sur la bonne direction (alors, vous allez rire mais essayez de vous y retrouver au niveau de la porte de Charenton la première fois, en direction des pays de l’est après on en discute) Plus sérieusement, parfois, on se met sur la mauvaise direction sans le savoir… surtout dans les pays où on roule à gauche… (pour moi)Donc… l’endroit idéal est souvent près d’une entrée d’auto-route avec une bande d’arrêt d’urgence, non loin d’un panneau indicatif:)

 

Cas spécial, le stop la nuit tombée ?

 

J’ai du le faire 5 fois dont une pour sortir de ville. (dont une fois à Nancy vers minuit). C’est possible, cela marche mais c’est plus aléatoire. On choisit

  • Un lieu très éclairé
  • Un lieu où la vitesse est fortement ralentie comme un rond point sur les sorties de station service ou près d’un panneau stop (pensez à vous mettre dans la bonne direction)
  • On tiens son sac devant nous, on tend le pouce et on sourit.
  • On peut se munir de bandes réfléchissantes à mettre sur son bras ou à enfiler sur soi pour se rendre plus visible

 

Concernant le meilleur type de chauffeur… ma foi, je préfère les camionneurs (polonais)… ilt ont certes leurs humeurs, vont moins vite que les voitures individuelles mais je trouve l’atmosphère plus conviviale. De plus, avec leur CB, bien souvent, je trouve mon prochain chauffeur avant même d’avoir mis un pied dehors. Comme pour le reste, n’hésitez pas à demander qu’ils passent une petite annonce. Si le voyage s’est bien déroulé, ils le feront avec plaisir.

cb camionneur

Pour la petite histoire, Magda et moi sommes toujours en contact avec certaines personnes qui nous ont pris en stop en Islande. (dont un prof norvégien fan de volcan qui nous a invité chez lui). Je suis resté en contact avec certains néo-zélandais, polonais, roumains… bref, de beaux souvenirs ! On découvre des coins sympas… comme le lac Tekapo (un vrai petit paradis pour randonneurs, lisez plutôt). On en apprend sur la vie… et évidemment, cela permet de faire des substantielles économies sur les coûts de transport. (à ce propos, je vous conseille la lecture de comment voyager plus, voyager bien et payer moins)

preneur auto stop

 

#4 – Les sites utiles pour préparer son voyage en stop

 

Au niveau du trajet, c’est simple… vous avez le choix entre le virtuel : google map et le réel… une bonne vieille carte routière. Pensez à avoir le chemin gribouillé sur un carnet.

Pour trouver les bons points de départ, vous pouvez fouiller ici : http://hitchwiki.org/

Pour les femmes souhaitant faire de l’auto-sop , lisez les conseils auto-stop d’Annick Marie qui a participé à l’écriture de la Bible du Voyageur (un livre for utile en voyage)

Groupe travel companions sur couchsurfing

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