Interview d’un garçon au pair parti aux USA.
Quand on a étudié en cursus LEA (langues étrangères appliquées), forcément, on rencontre des gens qui voyagent. Australie, Népal, Inde, Brésil, Ecosse… ils partent faire des stages de langue, en marketing à droite gauche… cette fois-ci, après mon ami Martin qui a vécu en Chine, Radj en Inde, mon collègue Johan qui a fait un cursus au Japon ou mon amie qui a fait une expérience humanitaire au Népal, c’est aux USA que je vous emmène avec un métier inhabituel pour un homme : garçon au pair.

Quelques questions posées à un garçon au pair aux USA.

* Salut Térence, tu peux te présenter en quelques phrases : qu’as tu étudié, depuis combien de temps es-tu aux États-Unis, ce que tu aimes faire ou non ?

“Hi, how are you” ! comme on dit ici. Pour essayer de faire court, je m’appelle Térence, j’ai 21 ans -très important ici- (cf les conditions à voir dans l’article, fille au pair, Kézako) , originaire d’Arras (Pas-de-Calais) et ayant obtenu un BTS en Communication des Entreprises à Lille, j’ai ensuite étudié un an l’anglais et l’allemand en LEA, à Roubaix, avant de décider de m’engager en tant qu’au pair aux USA. Je suis donc maintenant au pair de trois garçons à New Rochelle, à 30 minutes en train de New York City : Justin (12ans), Adam (10 ans) et Robbie (6 ans).

* Comment t’es venu cette idée de partir aux États-Unis en tant que garçon au pair ?

En vérité j’étais d’abord à la recherche d’un moyen de devenir trilingue anglais (en complément du français et de l’allemand) afin de pouvoir passer des concours à mon retour, qui nécessitent de maitriser la langue. Je ne souhaitais pas partir au Royaume-Uni, donc c’était soit l’Australie, soit les USA. Après de nombreuses recherches sur les visas disponibles pour rester plus que 3 mois (durée d’un “visa touriste”), j’ai trouvé celui d’au pair, qui m’a tout de suite convenu parce que j’ai l’habitude de vivre avec des enfants -ayant 7 frères et sœurs- et d’animer des centres ou colos, mais également parce que je ne voyais pas mieux comme immersion que de vivre dans une famille et découvrir ainsi “the american way of life”.

Relation avec la famille et les amis en tant que garçon au pair

* Comment a réagit ton entourage sur ta décision de devenir garçon au pair aux USA ?

Disons que je n’ai pas réellement “demandé la permission”. Depuis le collège, mes parents savaient que je voulais vivre un an à l’étranger, particulièrement en Allemagne; tout d’abord avec le “Projet Voltaire”, puis “Erasmus”, et enfin c’était la Nouvelle Calédonie, pour trouver un travail sur 5 ans après mon BTS. Finalement ça a été les USA, et ça ne les a pas dérangé car ils connaissent bien, en particulier mon père, étant professeur d’histoire-géographie et ayant enseigné en fac sur le thème des USA. Niveau amis, tous étaient enthousiastes, voire jaloux…euh, en fait beaucoup étaient jaloux(ses) !! Niveau frères et sœurs, c’est bien passé, même si les deux petits n’ont pas vraiment réalisé ce qu’était un an, ni la distance qui allait nous séparer.

* En tant que garçon au pair, la séparation avec la famille a été difficile ?

Non pas du tout. On a la meilleure des places : entre nous et nos familles et amis, c’est nous qui partons aux USA ^^ Les au revoirs répétitifs étaient parfois presque agaçants car l’attente est longue jusqu’au moment de partir et on n’a pas envie de dire au revoir alors qu’on n’est même pas encore parti, mais c’était nécessaire et c’est important de partir en se disant qu’on a fait tout ce qu’on voulait faire avant de prendre l’avion, car après on est engagés pour un an, et souvent sans retour entre deux. Mais croyez moi, entre le moment où vous trouvez une famille

et le moment où vous la rejoignez, le temps semble s’arrêter, vous n’avez qu’une hâte, c’est de partir, et quand vous êtes dans l’avion vous vous dites finalement “déjà?!”, mais ça n’est que le début d’une aventure géniale.

* Tu restes en contact avec tes amis ?

Oui, presque tous les jours ! Vive Facebook et vive Skype !! Honnêtement je n’ai pas vraiment l’impression d’être coupé du monde où je vivais il y a quatre mois. Parfois j’imagine comment ça devait être il y a 10ans, sans toutes les facilités d’internet; mais Skype surtout, rend la vie des au pairs beaucoup plus supportable. Le seul point négatif, c’est que – et tous les au pairs vous le diront – vous perdez quelques amis, à cause de l’éloignement, et parfois certain(e)s auxquels vous ne vous seriez pas attendu. Mais au fond, n’est ce pas plus mal ? Et si ça peut vous rassurer vous vous ferez un tas d’amis dans votre “nouvelle vie”.

Démarches administratives pour devenir garçon au pair

* Combien de temps t’ont pris les démarches administratives pour devenir garçon au pair ?

Je me suis inscris en fin mai 2010, et en comptant les vacances qui ont bloqué mon dossier, j’ai quand même réussi à avoir mon profil mis en ligne le 1er septembre. Deux semaines plus tard, j’avais un premier contact. Trois semaines plus tard, j’en avais un deuxième, la “host-family” avec qui j’ai “matché” (vive le jargon au pair ! ). Ensuite il faut prendre un rdv directement à l’ambassade des États-Unis à Paris et compter deux semaines avant de l’avoir. Deux semaines après vous êtes dans votre avion, selon les dates de disponibilité que vous avez donné sur votre profil (vous pouvez aussi très bien “matcher” en mars et ne partir qu’en juillet).

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* Dur d’obtenir un visa pour les USA en tant que garçon au pair ?

Oui. Le mieux, c’est de passer par une agence, il n’y a aucun doute. Vous aurez des conseils, et vous aurez surtout la possibilité d’obtenir un visa J-1 légal aux USA, et un contrat ! Si par malheur ça se passe mal avec la host-family, votre agence vous remet en ligne et vous avez deux semaines pour retrouver une autre host-family. Ou alors, vous pouvez passer par des sites gratuits mais après c’est un peu le Far-West. Vous n’aurez pas de contrat, donc si votre host-family vous vire, c’est VOTRE problème. Et, ça arrive, malheureusement. Mais je connais également des au pairs pour qui ça a fonctionné comme ça, notamment une qui vit dans ma ville et qui doit par contre retourner tous les trois mois en France refaire un visa touriste.

* Tu avais déjà de l’expérience avec les enfants auparavant ? C’est obligatoire pour devenir garçon au pair ?

Oui, de toutes façons elle est indispensable au niveau des agences, pour qui vous aurez à faire un dossier costaud avec des références justifiées de vos directeurs ou directrices, accompagné d’albums photos ou photo-montage, en plus d’une vidéo présentant votre créativité. J’ai travaillé dans plusieurs colos et centres depuis quatre ans, mais le fait que j’ai sept frères et sœurs a aussi son importance. Croyez moi, dans votre lettre de motivation TOUT est important. Par exemple, j’avais juste évoqué que j’adorais le football et la Premier League anglaise, et Adam est un fan du Chelsea FC, donc ça a sauté aux yeux de mes hosts, et les enfants m’aimaient déjà avant que j’arrive. Donc ne négligez rien !

Impressions d’un garçon au paix aux USA

* Et avec la famille d’accueil, cela se passe comment ?

Tout se passe bien. Je n’ai pas eu de “coup de foudre” comme certaines au pairs ont avec leur famille, mais je savais qu’on s’entendrait bien mais ma relation avec les parents dépasse le simple “business”, mais comparé à d’autres aupairs avec qui ils vont au café, ou au restaurant, ou en vacances (Mexique, Floride, Hawaï ou au ski) parfois je suis un peu dégouté qu’ils me laissent de côté et jaloux de mes “collègues”. Mais je n’ai pas du tout à me plaindre. Avec les enfants ça se passe très bien, on est très complices, malgré que pendant plus d’un mois, tous ce que je faisais était “weird” (bizarre); du fait de se brosser les dents le midi, ou de ne pas connaitre machin-bidule-chouette-chose, j’ai nommé le plus grand joueur de base-ball de tous les temps, ou de porter à 80% des jeans, ou de mettre du gel…

Bref, des américains quoi. Mais ils sont quand même adorables, parfois capricieux (ah j’ai déjà dit qu’ils étaient américains??) et parfois à la limite du vulgaire, mais je suis content de la famille avec qui je vis. Autrement, ils sont juifs, donc c’est un plus pour moi de pouvoir découvrir cette religion et la vie américaine sous cet aspect, étant donné qu’il y a énormément de juifs aux USA et particulièrement sur la côte Est et l’état de NY. (à lire : 10 hôtels insolites à New York) Sinon, comme beaucoup d’au pairs, je vis dans le basement (comprendre sous-sol) mais ça n’a rien à voir avec une cave ou ce que vous pouvez imaginer. Ici les sous-sols des maisons sont aménagés en général pour les enfants, avec grand écran-plat, wii, playstation, table de ping-pong, etc…et même une pièce construite pour jouer au foot à volonté, et qui sera aménagée en salle de muscu’ dans deux-trois ans, quand les enfants seront plus grands !!

* Les premiers jours ont été durs dans ton travail de garçon au pair ?

Non, si ce n’est que j’ai compté trois séparations : – celle avec la France. – celle à la fin du stage d’intégration de 3 jours dans un hôtel du New Jersey avec 70 au pairs de 23 nationalités différentes, dont une dizaine de françaises. – celle avec Scott, l’ancien au pair, qui était là deux semaines encore, et qui m’a beaucoup aidé à m’adapter à la famille et mes devoirs d’au pair.

* Et maintenant, avec le recul, s’il y en a quelles erreurs tu ne referais pas en tant que garçon au pair , ce seraient lesquelles par exemple ?

La seule chose que je voudrais changer, c’est d’écrire plus souvent sur mon blog, et relire mes premières impressions, sur la famille, sur les choses américaines qui m’étonnaient, et sur ce que je pensais des enfants au début. A propos de mon départ etc, je n’ai rien à regretter, mes amis et proches ont tout fait au mieux et je n’aurais pas fait mieux qu’eux.

Emploi du temps et avantages d’un garçon au pair

* Décris nous une journée typique de garçon au pair.

Je fais partie des au pairs “chanceux” : je ne travaille pas le matin !! 😀 Ma host ne travaille pas – je sais vous allez me dire “alors pourquoi elle a besoin d’un au pair ??” et parfois moi aussi je me le demande ! – donc le matin c’est elle qui réveille les enfants et s’occupe du petit dej’ etc. Mes journées commencent en général vers 15h, je vais chercher 2 des enfants à l’école pendant que la mère s’occupe de l’autre dans une école différente, ensuite je leur donne un goûter, ils font leurs devoirs, je prépare le diner, ensuite ils ont un temps calme, on joue à la wii, après il y a le bain pour le plus petit, la lecture, et dodo. Sinon j’ai la lessive des enfants à faire deux fois par semaine (oui les américains changent TOUS les vêtements TOUS les jours), la vaisselle du soir, des courses de temps en temps pour compléter celles de la mère, ou un babysitting une ou deux fois par mois le samedi soir.

* Ton niveau de langue s’est beaucoup amélioré jusque là  ?

Énormément ! Je m’imaginais minable en anglais, mais dès le début j’ai su me débrouiller et les enfants m’ont dit que de leurs six au pairs (excepté Scott qui était sud-africain), j’étais celui qui parlait le mieux à mon arrivée, et qu’après trois mois je serais bilingue =) Aujourd’hui, en plus de presque tout comprendre, j’arrive à parler assez couramment malgré des fautes de grammaire mais les enfants me corrigent et c’est aussi agréable pour moi que marrant pour eux.

* Tu suis des cours en dehors de ton emploi du temps de garçon au pair ?

Je suis CENSÉ en suivre, mais je ne suis toujours pas inscrit. Le semestre commençait quand je suis arrivé mais dans les prochains jours je m’inscris pour des cours (de grammaire certainement) au Manhattan Community College. C’est obligatoire pour tous les au pairs, et l’agence ne fournira pas le billet d’avion retour gratuit si vous ne validez pas 6 crédits ( 60heures de cours ) avant la fin de l’année.

* Que fais-tu de ton temps libre ?

En général je fais des recherches sur internet, sur mes prochains voyages, je discute avec mes amis français ou ma famille ou des au pairs, je vais au gym club, ou alors je prends ma voiture et je vais me promener dans les alentours et voir par exemple la maison de Beyonce et Jay-Z à 5min de chez moi =P Sinon, les week-ends je vais à NYC of course ! Je connaitrai bientôt la grosse pomme bientôt comme ma poche et je commence presque à m’y ennuyer alors vivement le printemps pour aller à Central Park pour…. pour rien faire! mais à Central Park quand même !! Il me reste encore les musées à visiter mais sinon j’ai déjà fait un bon tour de NYC. Après être parti en février fêter Mard-Gras à New Orleans, je continue de planifier mes prochains voyages pour mes weekends off ( DC, Philadelphia, Boston, Niagara Falls, et j’en passe)

* Des amis sur NY ?

Oui, beaucoup, et de plein de nationalités différentes ! Ne vous en faites pas si vous venez vous ne serez pas seuls, n’importe où aux USA, mais encore moins à NYC ! c’est un vivier d’au pairs, de plein d’agences différentes. Et puis il y a les meetings de votre agence qui vous permettent chaque mois de retrouver une bonne cinquantaine d’au pairs des 20km à la ronde et rencontrer les nouveaux-arrivants.

* Des garçons au pair aussi, tu dois être une espèce rare non ?

On peut dire ça oui ! Mais qui a dit que c’était un inconvénient ??? ^^ En effet on représente environs 5% des au pairs au total, donc ça fait peu, et encore moi je suis dans un des deux foyers à au pairs du pays, donc j’en connais 2 dans mon “cluster”, un sur Long Island et un en Californie; mais c’est aussi un bon moyen de parler avec plein de filles d’un peu partout dans le monde, par volonté ou par obligation, donc ça n’est pas un mal. D’ailleurs en général on ne me croit pas quand je dis que je suis au pair, alors je finis par dire que je suis étudiant !

Basket USA

New-York

* Meilleur et pire souvenir depuis le début de ton séjour en tant que garçon au pair ?

Le meilleur : en fait il y en a 3 qui se battent sur le podium; il s’agit du match des Knicks (NBA) que j’ai vu au Madison Square Garden avec l’entrée en jeu et la présentation du tout nouveau Knicks “Carmelooooooo Anthonyyyyy”; un moment génial. Les américains ont vraiment le don de mettre le paquet sur le “show” et tu ressors de la salle en étant devenu un fan. Il y a aussi le Top of the Rock, le dernier étage d’un building appelé Rockefeller Center, d’où on a une super vue d’un côté sur l’Empire State Building, et de l’autre côté du Central Park. Enfin, je suis OBLIGÉ de parler de mon expérience de couch-surfing (plus d’infos sur le couchsurfing dans cet article 😉à Philadelphia.

Avec un ami nous avons étés accueillis à bras ouverts par un américain très généreux qui en plus de nous avoir fait visiter sa ville, et fait découvrir des lieux que l’on ne pouvait soupçonner, nous a invité au restaurant, nous a payé un musée, des verres, un petit dej’ etc, pour pas un rond ! Quand on dit que les américains sont accueillants, certains ont clairement le sens de l’hospitalité ! C’était un expérience géniale et que je referai pour rencontrer des gens comme notre host d’un weekend, qui ont tant à nous apprendre. Le pire, ou plutôt mon plus gros regret, c’est que je fais partie des au pairs qui ne partent pas avec leurs hosts en vacances, et quand vous voyez qu’ils s’en vont en république dominicaine ou que d’autres au pairs vont en Floride ou à Hawaï, ça dégoute un peu et ça vous ramène à votre fonction d’employé et au côté plus business que familial.

* Dernière question, si tu devais donner un dernier conseil aux potentiels garçons, filles au pair, ce serait quoi ?

Bon alors le premier, allez sur le forum http://aupairauxusa.easyforum.fr/forum (en préambule : comment devenir fille au pair); je ne pourrais pas vous donner meilleur conseil, ce site en regorge, il est dirigé par une ancienne au pair puis habitante de NYC, entourée d’une équipe d’au pairs prêts à aider dans quelconque domaine en rapport avec les au pairs. Vous y trouverez toute forme d’aide, depuis les soucis rencontrés avec les agences, les inscriptions, les problèmes que vous pourriez rencontrer une fois sur place, et bien-sûr un tas de témoignages qui vous feront prendre votre décision si jamais vous hésitiez encore. Pour ma part, je dirais que pour être au pair, il faut avoir un minimum de feeling avec les enfants, même sans être grand professionnel ou autre, il faut se dire que c’est ce que vous allez faire pendant un an, donc anticiper les moments de raz-le bol et de manque de patience (ces moments sont très souvent compensés par l’affection que les enfants vous rendent à un moment ou à un autre et le reste n’a plus d’importance).

Être au pair néglige aussi d’avoir une bonne organisation et d’être ponctuel ( difficile pour nous français, MOI le premier!! ) car même si on a pas mal de moments où on a “rien à faire”, c’est vraiment indispensable. Enfin, il faut être un minimum ouvert d’esprit et vouloir découvrir quelque chose de différent de notre quotidien, quitte à être déçu parfois, ou un peu déstabilisé (si vous voyiez ce qu’il appellent “fromage” ici, vous pleureriez) Réalisez aussi que vous travaillez pour quelqu’un, donc vous ne pouvez pas faire ce que vous voulez quand vous voulez. Vous ne pouvez pas non plus voyager quand bon vous semble contrairement à ce que les gens pensent souvent des au pairs, mais tout ça vous forge, en plus d’ajouter une ligne très intéressante sur votre CV, pour votre futur, et vous apprenez beaucoup sur les enfants, la vie de famille, et sur vous et l’éducation que vous pourriez donner à vos futurs enfants. Donc c’est une décision qui mérite d’être murement réfléchie, mais croyez moi l’aventure vaut la peine d’être vécue.

Je te remercie Térence pour cet excellent témoignage très détaillé. On pourrait imaginer un bilan au bout d’un an, lorsque tu pourras nous décrire ton changement de point de vue sur les États-Unis et ce qui a changé 😉 Si vous voulez suivre ses aventures : http://web.me.com/termontagne/terenceinamerica/Blog/Blog.html

(photos réalisées par Térence)