Je n’aime pas les grandes villes. Je n’aime pas leur système de transport tentaculaire. Je n’aime pas faire le choix sur la page internet me demandant si je veux arriver le plus rapidement possible ou avoir le moins de correspondances. Moi, je veux juste arriver à destination sans me perdre.

 

Paris, son réseau de métro tentaculaire !

 

Lorsque je regarde la carte des transports, je suis comme fasciné par cette toile d’araignée multicolore ou tous les choix se valent puisque tout est à la même distance. Alors je reste là à regarder et à suivre du doigt les lignes qui s’entrecoupent. RER A ou RER B ou C ou D… Ligne 1,2,3,… Correspondance X,Y ou Z. Bleu ou Rouge. Bleu ciel ou azur ? Le labyrinthe des temps modernes. Est-ce que je suis sur de vouloir m’engouffrer dans les couloirs étouffants, me faire bousculer à droite et à gauche, croiser ces regards gris sans âme. Ah si seulement je pouvais déjà être arrivé !

 

Pourtant je n’ai pas le choix. Madame Oreille m’attend et son cadeau (cadeau du millième commentaire) aussi. Un saut à la fnac pour acheter la Terre Vue du Ciel et ses magnifiques clichés pour Oreille ainsi que Manabé Shima de Florent Shavouvé pour ma belle. Le dernier est un conseil d’Arnaud, le premier est mon choix du cœur. Le livre photo de voyage rêvé! Livre qui ne m’a malheureusement pas accompagné en Pologne, ceux qui le détiennent savent pourquoi…

Discussion avec Madame Oreille

Oreille et son cadeau

Nous voila partageant donc un hamburger dans un café américain dans une rue adjacente de l’hôtel de ville de Paris. Me demandez pas le nom ni la rue précise, je suis nul pour me rappeler de ces choses là. Je sais juste que hamburger était bon et que le menu avait trop de choix. Je n’aime pas les choix rappelez-vous. Je préfère la simplicité.

 

On a donc discuté de potins et d’autres. Elle m’a raconté qu’elle avait été invité à faire un tour en bateau ou un we en bateau. Moi à une rencontre bloguing par Atrapolo.fr. Cela n’a pas le même standing. La jalousie m’envahit un instant, “pourquoi pas moi?”. Je me réconfortais en me disant que j’aurai du saucisson espagnole et du bon vin. Il faut bien se consoler avec quelque chose.

 

En mon fort intérieur, sortant du restaurant, je me disais -l’estomac du philosophe bien remplit- que l’être humain est un éternel insatisfait. Je suis un être humain. Vous remarquerez, en me côtoyant, que j’ai mes pensées les plus “profondes” une fois le vendre bien remplit. En fait, je dois réfléchir avec mon estomac…

 

Je déambule à Paris

 

Ensuite, je suis allé au musée avec des tuyaux multicolores.. comment cela s’appelle déjà… ah, le centre Pompidou. Au sous-sol il y avait le coin indien avec des vidéos et des vrais indiens (d’Inde pas d’Amérique) qui squattaient les ordis et un coin canapé/sofa ou l’on pouvait regarder des moyens et courts métrages sur l’Inde. Tout est passé en revue. La pauvreté, la richesse, le développement , les artistes, le micro crédit, le Cashemire, le nationalisme, les ghettos, le clivage et le système de caste dans une société multicouche, multiculturelle, multicolore…

 

Je suis resté pas loin de 3h à me gaver d’informations. Je n’ai pas de télé chez moi, cela ne me manque pas. J’aurai pourtant aimé avoir des programmes aussi intéressants sans pubs… quoiqu’il y avait des pubs. Mais des pubs à l’indienne, avec des mecs jouant au cricket sur un bus dans une place bondée de New Dely ou de Bombay (sponso Nike), c’est différent donc, c’est une fenêtre sur le monde. Les bonnes pubs vous font découvrir une face cachée ou méconnue pour nous autre, autochtones, de la culture d’un pays car elles s’en inspirent pour que les gens s’y identifie.

Une pub est culturelle par définition, peut-il en être autrement ? Vaste débat. Je ne réfléchis pas plus à la question. Oui, ceux qui suivent ont bien deviné. J’avais le ventre vide. Je n’étais donc plus philosophe.

 

Je m’extirpe difficilement de l’écran géant pour rejoindre la surface. A coté il y avait une sorte d’appareil photo géant qui tirait votre portrait format affiche. Portait qui tombait d’une structure quelques mètres plus haut. Des japonais s’entrainaient dans un photomaton juste à deux pas juste pour avoir la bonne pose. Il y avait une queue d’au moins 50 personnes. La moitie étaient des asiatiques. Qui a dit que les stéréotypes n’existaient pas ? 3 filles trop kaway sautillaient en regardant le portrait géant que l’une d’entre elle venait de recevoir. Des “tsugoy” s’échappaient par dizaines de partout dans la foule qui attendait sagement. L’enthousiasme était palpable. Moi je du m’éclipser, ayant peur d’être contaminé par la folie narcissique ambiante. A ce rythme, j’allais être en retard.

 

Je suis en retard, so French !

 

Je vais casser le suspense tout de suite. Je suis arrivé en retard à la rencontre. Mais c’est Paris alors c’est pas grave. Ils avaient prévu le coup. Entre temps, dédale de choix pour rejoindre Saint Denis. Je dois racheter des tickets, encore… je me dis que j’aurai du acheter un passe-jour, j’aurai économisé un peu et perdu moins de temps à attendre.

J’étais déjà bien en retard mais non, il a fallu qu’au détour d’un couloir, des violonistes m’arrêtent avec leur douce musique. Saltimbanques !

 

Je ne sais pas ce que c’était comme musique mais c’était beau. Dans ces couloirs plus gris que blanc, au milieu des mendiants, des roumains, des casses-couilles, c’était surréaliste. C’était comme un flocon de neige dans la boue. Éphémère et pure. Un rien me détourne de mon but initial en fait. A croire que j’aime me retrouver dans la merde pour me plaindre. Je suis comme un gosse qui sourit à tout ce qui l’enchante. Je suis donc resté, 5, 10, 15 min. Je ne sais pas, je ne regardais plus ma montre. J’étais juste bercé par la musique. C’est cela que j’aime dans Paris…

Ces rencontres improbables, improvisées, imprévisibles.

 

On est comme des papillons de nuit attirés par sa lumière. Si on s’approche trop alors on brule. Enfin pas tous heureusement… Moi je suis certain que je brulerai, c’est pour cela que je reste si peu. Trop de dangers à rester ici. Peut être que je finirai errant dans un couloir du métro à jamais. Perdu dans ses méambres, prisonnier de ces tours et détours, traversant les entrailles de la belle à n’en plus finir.

 

Je suis perdu !!!

 

Mais je m’égare dans les mots comme je me suis égaré dans le métro. Arrivé par je ne sais quel miracle à Saint Denis je du me rendre à l’office de tourisme pour retrouver le chemin vers Arnaud. Armé d’une carte, je devais faire tâche au milieu du marche prés de Carrefour et dans les rues adjacentes. Vous avez vu beaucoup de touristes à Saint Denis vous ? Bah les gens non plus… et moi à tourner et à retourner la carte, cherchant la mousse sur les arbres qui normalement indique le nord. Je ne sais plus ou j’ai vu ou lu ça. C’était peut-être dans un dessin animé Bob l’éponge ou les minikeums ou dans Into The Wild. De toute façon cela ne marche pas. Soit il n’y a pas de mousse, soit il y a de la mousse mais tout autour de l’arbre. Tous les chemins mènent à Rome mais tous les chemins ne mènent pas à Arnaud. La nature ne m’a pas aidé sur ce coup. Les dessins animés non plus.

 

L’heure tournait et je n’avais pas envie d’avoir fait 1300 km en avion pour rien. Un passant ayant pitié de mon regard de chien battu m’indiqua le chemin. Il s’en alla dans un bistrot, riant. Il partit probablement raconter qu’il a trouvé un touriste polonais perdu à Saint Denis. C’est de bonne guerre. Au moins je savais ou j’allais. Enfin presque. Mon sens de l’orientation avec une carte est plus élevé que la moyenne des femmes. C’est à dire qu’il est négatif. Je fis évidemment fausse route et j’appella Arnaud… mon host de couchsurfing

 

C’est bon, je suis sur la bonne route. Rappelez-vous de ne jamais partir à la chasse au trésor avec moi car au final, on se retrouvera à jouer le trésor. Je crois d’ailleurs que cela m’est arrive étant gosse. J’ai du refouler ce souvenir quelque part dans ma mémoire, un peu honteux. Durant mon tour du monde j’aurai un GPS rassurez vous et puis je serai pas tout seul. Quoique j’imagine bien le GPS me dire

“Vous êtes totalement perdu. Bon courage Piotr !”

 

On va passer l’épisode ou je me suis assoupi dans le métro en direction du lieu de mon rdv et les 30 min passés à trouver comment me rendre à celui-ci tout en oubliant le papier sur lequel figurait les indications sur le lit. Je ne sais par quel miracle j’ai réussi à n’avoir que 20 minutes de retard. Ce fut un exploit. J’attends d’ailleurs toujours ma médaille de la part de l’état français. Sans réponse à ce jour. Aucun humour.

 

La rencontre fut intéressante. Comme d’habitude, il y avait le troupeau des brouteurs de chips et piqueurs de saucissons et comme je suis un grand bavard, je n’ai pas pu en profiter beaucoup. De plus, lorsque les photos seront dispos, vous verrez que j’avais toujours un verre à la main alors que les autres non… ce qui au final fait un peu poivrot bien que je n’ai bu qu’un ou deux verres. Je me souviens avoir discuté avec Francois, Jessica, Virginie, Elodie… Remarque, je pourrai bien dire Jésus que cela ne vous parlerait pas. Discussion autour de réseaux sociaux, des conseils autour des projets. J’ai vu les idées vraiment intéressantes d’Atrapalo qui proposa à ses lecteurs espagnoles de partir en voyage et de payer le prix qu’ils estimaient justes pour celui-ci… la plupart ne donnaient qu’un euro symbolique mais une femme a payé le “juste prix”. Pour avoir jouer le jeu, ils lui ont offert un autre voyage. Je me demande comment j’aurais réagit, en bon radin que je suis, dopé au Groupon, j’aurai probablement donné un euro symbolique. La culture de la gratuité fait des dégâts.

 

Sympa l’initative sinon ? De fait, je sens que l’on va bien s’entendre, on a la même vision des choses… J’ai encore d’autres histoires amusantes à vous raconter à leur sujet. Cela fera l’objet d’un post à part.

 

Le temps file et je dois préparer mon sac.

 

En quelques phrases la suite.

 

Je me suis évidemment perdu au retour et Arnaud a du aller me chercher pour éviter que je me trouve à trainer dans les rues de Saint Denis la nuit ce qui n’est pas l’idéal. Nous avons encore discuté des heures durant et nous sommes arrivés à la conclusion que nous avons un estomac sans fond (ou presque) tous les deux. Il a apprécié ma vodka couleur ambre et j’en suis fort content 😉 J’ai vu une amie que je n’avais pas revu depuis des années le lendemain. Elle part bientôt vivre en Espagne avec son belge d’origine italienne. J’ai pas mal d’amis aux quatre coins du monde. Utile pour un premier pied à terre. Fort de mon expérience hindoue de la veille, nous sommes allé manger dans un restaurant…. indien, prés de port Maillot.

 

Bus 15h15. Encore un gosse à coté de moi. Plus calme… en même temps, comparé à l’autre, je crois qu’ils le sont tous. J’ai quitté Paris sur une impression étrange, comme si tout cela n’était jamais arrivé. Comme si j’avais rêvé ce court voyage, ces rencontres… parfois, j’ai l’impression désagréable que ma vie file entre mes doigts et que je suis spectateur comme derrière un écran de fumée. J’aurai aimé avoir le temps de discuter plus, de rencontrer certains d’entre vous, de papoter autour d’un verre et de prendre le temps d’apprécier le temps et les instants partagés.

Une fois adulte, les jours filent sans qu’on les voit. Ils sont tels des voitures sur l’autoroute; lancés à pleine vitesse et nous, on est assis au bord et on regarde.

 

Si vous voulez savoir pourquoi je n’aime pas les cartes de métros simplifiées : http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2011/06/13/metro-le-plan-etait-presque-parfait/