Voyage à vélo : certains ont des paris un peu fou… et si on partait de France jusqu’à Barcelone en vélo ?

Et voici le dernier chapitre de notre dossier sur la bicyclette. Après l’article de fond sur le vélo et l’interview de Virginie du vélo voyageur…  cet interview s’est fait attendre mais on garde le dessert pour la fin !

Voyage à vélo de France direction Barcelone

Salut Olivier, tu peux te présenter en quelques phrases ?

 

Salut, j’ai 21 ans et habite cette année à Varsovie dans le cadre d’Erasmus afin de valider une licence en Langues Etrangères Appliquées anglais/polonais. L’an prochain, je devrai intégrer un master en marketing ou en sciences de gestion. Je suis d’Armentières, près de Lille et pour les férus de cyclisme, c’est là que Jalabert à fait sa fameuse chute dans le Tour de France.
Je suis passionné de musique, avant de partir en Erasmus, j’étais chanteur/guitariste dans un groupe. Je suis fan de sport, que ce soit en regarder ou en pratiquer, j’ai pu pratiquer en club du judo, de l’athlétisme et du handball mais j’ai plus ou moins tout essayé avec mes amis, allant des raids nature au baseball en passant par les plus classiques comme le football. Puis bien évidemment, le voyage est ma grande passion depuis toujours !
voyage à vélo par un voyageur

Olivier ou Oliv’, c’est le gars à lunettes noires à gauche

Comment t’es venue cette idée de voyager en vélo ? Un pari, une promesse d’enfance ?

 

Mon père étant très fan de cyclisme, ayant eu un bon niveau dans sa jeunesse, il m’a fait partager cette passion, dès qu’il y avait une course cycliste à la télévision je regardais avec lui-même si je ne trouvais pas ça passionnant à l’époque, on allait tous les ans au vélodrome de Roubaix pour voir l’arrivée du Paris-Roubaix, j’allais voir les 4 jours de Dunkerque, notamment quand ils passaient à Cassel, puis bien évidemment, si le Tour de France passait près de chez moi, on allait y faire un tour ! Mais plus que regarder les cyclistes, je partais souvent avec mon père faire un tour à vélo de 15-20km. A mes 11 ans, mon père m’a proposé de faire un brevet cycliste avec lui, on était parti pour le 30km et en cours de route, je lui ai dit que je me sentais prêt pour le 50km, c’était beaucoup plus que ce que je faisais d’habitude, mais j’ai vu qu’avec de la volonté et du plaisir, tout était possible, c’est à partir de là que j’ai pris conscience qu’on pouvait voyager à vélo.
J’ai ensuite pu commencer à découvrir les environs d’Armentières en partant avec des amis pour la journée, pour faire des balades de 60 ou 70km, notamment dans les monts de Flandres, la région Nord-Pas-de-Calais est une région agréable pour le vélo.

C’est plus-tard, vers mes 17 ans, que j’ai commencé à faire des excursions plus lointaines à vélo, sur un ou deux jours. La Lys passe par Armentières et les week-ends, il est très agréable de se promener sur la berge, c’est pourquoi nous avons décidé d’aller à sa source à Lisbourg (140km sur la journée), puis à Gand, là où la Lys se jette l’Escaut (240km sur deux jours), nous avons ainsi pu suivre les 195km de la Lys. Nous sommes également allés à Bruges (170km sur deux jours), Bray-Dunes (130km sur la journée) (pour manger une frite à la mer…) puis pas mal d’autres excursions, parfois sans aller très loin, mais en accumulant les kilomètres dans les monts de Flandres notamment.
Pour les vacances d’été de 2009, nous avions envie de partir quelque part à vélo, mais plus loin, si possible à l’étranger et nous nous sommes décidés à partir à Barcelone car aucun d’entre-nous n’y avait été auparavant. Le plus compliqué était que certains d’entre-nous travaillaient et qu’il n’était pas vraiment possible de partir tout le mois d’août, alors nous nous sommes donnés une moyenne de plus ou moins 80km, on est tous partis chacun notre tour en train afin de rattraper celui ou ceux qui étai(en)t parti(s) avant nous. C’est ainsi qu’un de mes amis est directement parti de Lille, la semaine suivante, un autre ami l’a rejoint à Clermont-Ferrand, puis un ami et moi les avons rejoints une semaine plus-tard à Perpignan afin de partir à quatre vers Barcelone.

Combien de temps as-tu muri ce projet de voyage à vélo avant de le réaliser ?

Ce projet n’a jamais été mûr (rires) ! Non, sérieusement, on a commencé à y réfléchir vers la fin du mois de juin, mais nous ne nous sommes jamais bien préparés pour ce type d’aventure, je crois qu’on ne s’est pas rendu compte de la tâche à accomplir.

Mais on savait que l’on avait très envie de partir à l’aventure, on était très motivés, je pense que c’était la chose la plus importante pour arriver au bout.

Comment a réagi ton entourage face à ton projet de voyage à vélo sur plus de 1000km ?

Premièrement, mes parents ne m’ont pas pris au sérieux, puis ont dit que j’étais inconscient, mais ils ont aussi dit que c’était courageux et qu’étant jeune, c’était bien de tenter des aventures, que c’était maintenant ou jamais. Quant aux amis ou la famille, c’était assez mitigé, certains ont dit que je n’allais pas finir, ou ne même pas partir, d’autres étaient assez admiratifs.

Et le coût de la traversée de ton aventure à vélo ? Car je suppose que vous n’avez pas pris une semaine de nourriture chacun dans les sacs, si ?

Non, pas du tout, on était tellement chargés avec nos vêtements, sacs de couchages, matériel de réparation, qu’on ne pouvait pas transporter grand-chose d’autre, donc on achetait de quoi manger sur le bord de la route dans les grandes surfaces, mais ce n’est pas ce qui nous a coûté le plus cher au final, car durant le voyage on dormait sur la route dans nos sacs de couchages. Le plus cher du voyage était le train et Barcelone même car nous n’avions pas réservé d’auberge de jeunesse donc on a dû chercher sur place et je ne pense pas qu’on ait hébergé dans l’auberge la moins chère de Barcelone, donc le voyage n’est pas revenu trop cher étant donné notre précarité sur le trajet, à part pour Quentin qui était parti de Lille et qui, la première semaine n’osait pas dormir sur le bord de la route étant seul, il fallait qu’il loue des chambres d’hôtel parfois assez chères dans les petites villes, au final, le voyage lui a coûté assez cher, il aurait pu partir une semaine dans un hôtel au Maroc ou en Tunisie sans souci, mais bon là il est parti presque un mois…

Comment se sont déroulés les premiers jours de ton voyage à vélo ?

Pour Quentin qui est parti seul la première semaine, ce n’était pas facile car tous les matins il fallait qu’il se donne la motivation de continuer, d’autant plus avant d’arriver sur Paris qui était comme un premier objectif, mais on l’appelait tous les jours pour suivre son trajet et son évolution ce qui lui donnait du courage, de plus, il savait qu’il devait être à Clermont-Ferrand après une semaine de vélo.
Pour mon compte, dès le premier jour, après une cinquantaine de kilomètres de plat on a attaqué les Pyrénées donc j’ai pu tout de suite mesurer la difficulté du trajet…

Justement, quels sont les gros soucis que tu as pu rencontrer durant ta traversée à vélo de la France ?

La plus grosse difficulté était nos bagages, on avait nos sacs de couchages accrochés à nos vélos, des sacs énormes et très lourds sur le dos, c’était vraiment dur au bout de la journée. On était aussi mal préparés en réalité, car même en étant sportifs et avoir fait beaucoup de vélo, enchaîner les journées n’est pas facile du tout, tous les jours on se disait qu’on pouvait rentrer dans une gare et prendre un train direct pour Barcelone, mais on avait la ferme intention de finir ce qu’on avait commencé. Une autre bêtise que je ne referai plus, c’est d’être parti avec un VTT à selle suspendue, déjà rouler en VTT sur la route, et d’autant plus en haute montagne c’est difficile, mais avec selle suspendue, c’était une réelle bêtise.

As-tu vécu des aventures sur la route, une anecdote intéressante à nous faire partager lors de ton aventure à vélo ?

Des anecdotes il y en a eu beaucoup (rires) ! Mais ce qui m’a marqué ce sont les gens sur le bord des routes qui étaient très gentils avec nous, ils nous posaient un tas de questions, quand on allait dans les boulangeries, il n’était pas rare d’avoir le double de notre commande, c’est vraiment ça qui m’a marqué, la sympathie des gens et la motivation qu’ils nous ont donnés pour poursuivre l’effort !

Quelles sont les grandes différences entre voyager en vélo et par un autre moyen selon toi ?

La plus grande différence c’est qu’il faut savoir qu’à vélo, ce ne seront jamais des vacances pour se reposer et que l’on peut difficilement aller très loin. Voyager à vélo permet de beaucoup mieux apprécier les paysages, les distances, puis aussi faire en sorte que le voyage soit unique, géré à sa propre façon, si vous voulez prendre des photos, il est beaucoup plus simple de s’arrêter en vélo qu’en avion… Par contre pour voyager à vélo, il ne faut pas être trop pressé et savoir ce dans quoi on se lance, sinon le voyage pourrait se transformer en cauchemar et vous aurez de très mauvais souvenirs.

Quels sont les lieux qui t’ont le plus marqué durant ce voyage à vélo ?

A chaque fois que l’on arrivait en haut d’un col et que l’on faisait une petite pause pour attendre ceux qui étaient en retard et reprendre des forces était une réelle satisfaction. Mais deux endroits m’ont particulièrement marqués à Barcelone même, la Rambla, la grande rue commerçante de Barcelone qui mène à la plage et le Camp Nou, le stade du FC Barcelone. Ces endroits m’ont particulièrement marqués car à chaque fois il y avait des centaines de touristes, mais on était les seuls à être en vélo dans ces endroits ce qui me rendait fier d’avoir fait ce que j’ai fait et d’avoir vécu une expérience unique.


Des prochains projets de voyage ?

Oui, on a tout le temps d’autres projets, ça n’arrête pas, mais on a du mal à se décider, surtout que cette année je suis en Erasmus, (à lire : Pierre-Axel, 1 an d’erasmus en Espagne) c’est une année de concours pour la plupart d’entre-nous donc nous manquons de temps et aussi d’argent… Mais on réfléchit, on a des projets à court, moyen et long terme, on réfléchit à partir voyage à vélo en tandem, on pense aussi à s’acheter des mobylettes et partir plus loin car partir en mobylette pourrait nous permettre de faire facilement plus de 200km en une journée tout en gardant cet esprit d’aventure, mais nous ne connaissons rien à la mécanique donc ce n’est pas pour tout de suite… Personnellement, j’ai un projet que j’ai depuis longtemps qui est de faire un tour du monde à vélo, mais je souhaite avant tout terminer mes études car je sais que je devrai passer beaucoup dans la préparation, notamment dans la logistique et le financement, mais comme je dis toujours, on verra la situation à ce moment là, pour l’instant c’est plus un rêve !

Si tu devais donner un dernier conseil aux personnes qui voudraient faire une traversée en vélo, quel serait-il ?

Mon principal conseil pour un grand voyage à vélo est surtout de prendre du plaisir, partir à vélo ne doit pas être la recherche d’une performance mais de découverte, de recherche de la liberté et d’aventure, si vous n’êtes pas heureux d’être sur le vélo, vous ne prendrez aucun plaisir à faire cette aventure. Sinon, bien évidemment, faire régulièrement du vélo avant votre départ, essayez de partir sur plusieurs jours parfois afin de voir si vous enchaînez bien les journées. Enfin, si vous souhaitez faire ce genre d’aventure, sachez que tout se passe dans la tête, avec de la volonté et de l’enthousiasme vous irez au bout de votre projet.