J’aime botter en touche avec cette question. Je dis souvent “mon plus voyage, c’est celui que je n’ai pas encore fait” Et c’est vrai. Je le pense vraiment. Sincèrement. Bon, peut-être que j’aime aussi -un peu- troller mon interlocuteur. Je fais du 2 en 1.
De ceux qui me posent la question, il y a peut-être cette attente de la révélation d’un lieu magique qui les éblouira de leur beauté, transformera leur vision du monde, leur fera dire “OMG, il FAUT que j’y aille”. Mais c’est difficile de trancher car “un beau voyage” est lié à des “beaux souvenirs de voyage”. Or j’ai plein de beaux souvenirs de voyage. Si vous me demandez de les énumérer tous et d’en choisir un, je pourrai en choisir un différent chaque jour, à chaque fois que l’on me pose la question.

Chaque voyage que j’ai fait m’en a appris plus sur moi-même et le monde qui m’entoure et chaque voyage me montre un peu plus l’étendu de mon ignorance. M’amène à repousser mes limites. J’ai gardé mon âme d’enfant je pense. En tout cas, j’essaie de la préserver. Je la nourris constamment de fables visuelles comme celles de Miyazaki donc elle se porte bien. De fait, chaque voyage m’émerveille comme un gosse. A chaque fois c’est ma rencontre avec le Père Noel. J’arrive toujours à verser une larme bien réelle en appréciant un lever de soleil, les nuages qui montent de la vallée en montagne, un délicieux restaurant caché dans une petite allée perdue… je ne feins pas le “carpe diem”. Je le vis. Je le ressens.

Lorsque tu vas dans des destinations lointaines, tu sais qu’il y a une forte chance que tu n’y reviennes peut-être plus de ta vie. Non pas parce que tu ne le souhaites pas mais parce que tu n’en auras plus l’occasion, plus le temps et, le plus souvent, plus les moyens. C’est mon cas aussi hein, je ne suis pas né avec une cuillère d’argent dans la bouche. C’est aussi la connaissance et la compréhension de ce fait, de l’éphémère durée de la joie de se trouver là, de voir ce que tu vois qui décuple le plaisir. Parce que c’est rare. Et ce qui est rare est précieux.

Néanmoins, plus je voyage loin, plus j’apprécie de prendre des claques visuels dans des coins méconnues de notre beau pays : la France. “Là-bas”, oui c’est l’exotisme, une culture différente, des attentes et des désirs différents. On se construit un imaginaire à l’avance.
Parfois, lorsque nos attentes sont trop grandes par rapport à la réalité, on est déçu. On n’a pas eu, on n’a pas vécu ce même moment d’éternité décrit pas des voyageurs stars que l’on suit sur leurs blogs ou leurs réseaux comme instagram. Tout n’était pas parfait, le temps, notre tenue, le “tein” pour certains. Mais ces moments ne sont pas forcément réels, ils sont aussi “construits” visuellement, esthétiquement pour répondre à une attente. Pour répondre à une besoin. Le bonheur suscité par un voyage semble alors une simple liste à cocher qu’une liste de course. Tu crois être seul sur place mais tu trouves des dizaines, des centaines de personnes qui sont venus prendre la même pose, pour le même hashtag. Or il est difficile de concilier une attente certaine de la réalité ressentie.

Moi je n’ai pas d’attentes particulières de mes voyages. Je n’aime pas planifier pour suivre un chemin précis. J’aime l’inconnu, inattendu, la surprise du moment. Chaque voyage peut et arrive à m’apporter cette dose de surprise, d’enchantement. Que ce soit sur les chemins népalais ou des sentiers dans les alpes. Que ce soit au bord de mer en Bretagne ou sur une plage en Nouvelle-Zélande.

Alors quand on me pose une question sur mon passé, sur ce qui a déjà été vécu, sur ce qui a déjà été ressenti, je préfère tourner mon regard sur l’avenir, sur l’inconnu, sur ce qui m’attend derrière ce rideau mystérieux.
“Mon plus voyage, c’est celui que je n’ai pas encore fait” Car qui sait où demain mes pas vont me mener ? Moi-même je n’en ai aucune idée 😀

Qui sait quel parfum d’aventure, demain, émerveillera mes sens… il n’y a rien de plus beau que “demain”. Demain ne se soucie pas d’hier. Désinvolture de la cigale.


Photo – Route de Patagonie au Chili