Il est difficile de décrire la liberté que l’on ressent de savoir que demain ne sera pas pareil qu’à hier. D’avoir, pendant une période plus ou moins longue, un éventail de possibilités, de découvertes, d’aventures qui semble infinies, inépuisables.

Depuis des années, depuis mes débuts sans doute, je suis déchiré entre ce désir de tout laisser tomber. De me laisser entraîner dans cette course éperdue de voyages en oubliant ce que j’ai peu à peu construit à deux. Il y a des désirs qui semblent difficilement conciliables.

Je suis moyennement intéressé par une vie rangée. Cela apporte un certain confort, un environnement qui rassure, une certaine stabilité. Il y a une partie de moi qui rejette cet aspect de tout son être, qui ne s’identifie pas à cela, qui ne comprend pas ce besoin. Cette partie n’est pas heureuse lorsque je ne bouge pas. Elle est moins malheureuse lorsque je créé quelque chose autour de ces voyages, lorsque mon temps est utilisé pour raconter une histoire autour de ces derniers. Elle accepte cela. Elle sait que c’est un mal nécessaire pour voyager demain car ce “mal nécessaire” permet le financement de son quotidien.

Mais elle sait aussi, au fond, que cet arrangement pourrait se faire tout aussi bien sur la route. Seul. Sans attaches aucunes. Vivre les cheveux au vent, diminuer ses besoins financiers et maximiser les expériences. Vivre sa véritable aventure. Sa vie. Sans concessions aucunes.

Je me suis promis un jour de laisser libre, totalement libre, ce cheval fougueux qui sommeille en moi. Sans cela, je pense que j’aurai la sensation de ne pas avoir assez vécu. J’aurai les regrets d’avoir fermer les yeux sur la joie que m’apporte ces objets immatériels, ces souvenirs de voyages, dont le sacrifice d’une vie plus rangée ne comblera jamais ce manque.