Une fois sur le bateau de croisière, j’avais l’impression de me replonger en enfance. Ou plutôt, de me replonger dans le petit écran, comme si je me retrouvais transporté dans un remake kitch de la “Croisière s’Amuse.”

Un bateau de croisière, pour vous donner une idée, est une projection de ce que sera notre quotidien quand les papys boomers auront pris définitivement l’ascendant. Un paysage ou les rides botoxées et le viagra se côtoient gaiment entre deux dentiers colgate dont la blancheur ferait de l’ombre à une ampoule 60W.

La Suède en bateau

Forcément, je ne roule pas sur l’or. On a genre 15 euros pour vivre. Oui, je n’ai pas eu le temps de retirer de l’argent, je l’assume. Non prévoyant sur ce coup jusqu’au bout des ongles. Dans un bref soupire, je repense a ses saucisses orphelines abandonnées à leur sort dans le frigo d’un suédois pure souche. En espérant qu’il leur fasse bon accueil ! Enfin, il y en a quand même un peu de dorure sur certains pans de mur, au pire, je gratterais avec une cuillère et je lance un trafic.

Comme ma chemise trempée de sueur avait envie de fusionner avec ma peau pour que je devienne Tshirt Man, et que de mon coté, avoir un gros smiley jaunâtre en guise de torse ne me plaisait guère, j’ai décidé de descendre au 50e sous-sol du bateau pour aller chercher le salut dans notre cabine.

 

Mission, si vous l’acceptez, trouver la cabine.

Vous arrivez a des croisements ou, qu’importe le coté ou vous posez vos yeux, vous voyez une rangée de portes qui semble interminable. Les compartiments portent des numéros à 3 ou 4 chiffres, ce qui a le dont de vous rassurer. Après être sorti du Labyrinthe vivant et sans avoir croiser celle que j’appelle le Minotaure avec sa cannes à roulette et sa frimousse de croque mort, qui vous obstrue le passage avec un plaisir non dissimulé, on arrive dans la luxueuse cabine de 9m carre grand standing.

Non mais je me plains mais sur le coup, une douche me suffit. J’étais clairement au paradis. La fontaine de jouvence quoi. Les vêtements on valsés à droite à gauche et voilà que je recevais des sauts d’eau bénite. C’est dans ces moments la qu’on se rend compte de la chance d’être dans des pays ou l’accès à l’eau courante est facilitée. Quand votre propre odeur de sueur vous dérange, nulle doute, vous avez passer un cap, que dis-je, une péninsule.

Suite à mon baptême de cabine, frais comme un gardon, j’ai naturellement décidé de faire un tour sur le bateau en chemise courte, lunettes de soleil et tongs, parce quand même, il saut se fondre avec son environnement. Mode touriste donc.

 

 J’ai été immédiatement attirée par la vue…

La concentration dans la défaite !

des machines à sous !
Cela m’a toujours amusé de mettre une pièce et d’entendre d’autres pièces tombées. J’ai joué 6 euros et j’étais arrivé à 1 euro de gain mais j’avais l’âme d’un flambeur ce jour là. (vous avez vu le joueur que je suis…) Évidemment, comme tout perdant, j’en viens à pester contre la malchance de la machine qu’une malédiction africaine devait avoir ensorcelée. Le tout, sous le regard bienveillant et moqueur de ma moitié qui me laissa me divertir comme le grand gosse que je suis. (notez que j’ai toujours été globalement bénéficiaire aux machines a sous… sauf là ! Je vous raconterai un jour 😉

 

Une fois que la malédiction Zaïroise m’eut fait comprendre que les autres machines ne me souriraient pas en ce funeste fin d’après-midi, je décidais d’aller faire un tour sur le pont afin de rejouer le mythique Titanic façon Piotr 2011.

Titatic version Bien Voyager

Force est de constater que mon remake sentait le film à petit budget. On était à l’arrière du pont, avec un vent à vous faire regretter les tongs et le sourire crispée qui vous maintient sur place. Tout de suite mon glamour. En dessous, un autre pont plus bas… oui, on est pas à la proue du bateau donc… l’effet “je flotte sur l’eau” donne plutôt, “je flotte au dessus de l’empilement des chaises de terrasse du pont inférieur.” Seul l’impression compte ! C’est vrai… moi j’avais surtout l’impression de me geler les… D’ailleurs, ce n’étais pas une impression et je rentrais dard dard.

 

N’ayant pas prévu de prendre un diner (on sent l’économe/radin qui parle là), on se rabattit sur le fait de se nourrir d’amour, de schwepps, et de pain rassie. D’où le second remake d’une scène culte du Titanic, je vous laisse deviner les détails. Une grande carrière était née en somme. Après être repartit en vadrouille sur le bateau, j’ai réussis à dénicher du wifi gratuit, un miracle. Là, je revivais clairement en mode rétro mes premières années d’internet. Avec la page qui s affichait de temps en temps en mode rectangle par rectangle, que d’émotions.

 

Vague méditation…

N’en finissant plus d’attendre, je posais mon regard sur les baies vitrées du bateau qui nous montrait les innombrables iles habitées qui parsemaient notre parcours. Je me demandais alors, perdu dans mes pensées, ce que devait vivre ces gens et si j’aurai aussi pris plaisir à vivre sur une petite ile au bord de l’eau. Loin de tout… quelles auraient été mes ambitions alors ? Peut-être cette vie calme et paisible m’aurait suffit, la vue de la mer immense répondant en écho à ma soif d’aventure.

Je me verrai bien sur un de ces petits ilots a la retraite. Avec un paysage plus changeant, au pied d’un fiord par exemple. Faisant se rejoindre la montagne et la mer, au coucher du soleil, j’aurai la trinité naturelle rien que pour moi. Ciel, eau et terre se confondant dans un tout, nous rappelant notre insignifiance.

A droite et à gauche, des mamies et des papis en mode robe de soirée et costume caquetaient et se souriaient, faisant honneur à la notion de sexagénaire et au progrès de l’industrie pharmaceutique et aux avancées de la chirurgie esthétique. Au loin, de l’étage des bars du dessus, on entendait les rires des premiers hommes éméchées qui avaient déjà probablement ouvert quelques bouteilles d’alcool achetées au duty-free quelques heures plus tôt. C’est interdit de boire à outrance mais comme toute règle, il est bon de l’enfreindre, qu’importe l’age.

Nous n’avions pas acheter d’alcool. On avait pas manger de la soirée, ce n’était pas pour perdre quelques billets pour finir malade dans la nuit. Bien évidemment, je ne dormis pas, une douleur aux dents de sagesses me tint éveillé. Je devrai les arracher, j’aurai le temps d’être sage passé la cinquantaine !