Vallée des 5 lacs en Pologne – Le train qui m’amène à Zakopane, au pied des Tatras fut encore plus rustique que celui de mon dernier récit. Des wc ou il faut faire une numéro d’équilibriste pour ne pas avoir à expliquer aux passagers que “Pisse” est le nouveau parfum tendance d’Hugo Boss… l’air frais que l’on vient cueillir en sortant la tête par les fenêtres coulissantes en espérant que lors des points de vitesse a 90km/h, on ne se prenne pas une douce branche aux visage au détour d’un virage. La gamine à la bouille trop chou qui donnerait envie d’avoir des gosses et qui, au bout d’une heure, à force d’hurler à la vue de chaque vache, chien, chat, fleur, oiseau, nuage… de sa voix haute perchée, arrive à stresser sa pauvre grand-mère, sans mentionner vos nerfs à fleur de peau par manque de sommeil.

 

Les Tatras : les montagnes polonaises…

 

Les passages entre wagons à l’ancienne, ou vous entrapercevez les rails sous vos pieds, entre deux cahots. Les portes des wagons qui ne se ferment pas mais qui grincent et claquent au grès de leur envie.

 

Pourtant il suffit d’un coup d’œil par la vitre et d’un petit effort de concentration pour se laisser bercer. Vous avez droit à de brefs aperçus de vie que notre fierté nationale, le TGV, ne permet plus d’apprécier. Le défaut de sa qualité en somme. La vitesse vous fait gagner du temps mais on ne voit presque plus rien du paysage.

 

Je discute rapidement avec une mamie qui s’assoit à coté de moi pour deux stations. Ma petite caméra neuve filmant sur trépied le paysage environnant l’amuse et la rend curieuse. Elle demande si je suis journaliste. “Non, je suis blogueur…” elle sourit attendant plus d’explications.

 

Bon, en somme, je me définis comme une sorte de journaliste amateur traitant des voyages. Elle est impressionnée. Elle qui n’est jamais sortie de sa région natale qui n’a pas d’ordinateur, encore moins de smartphone connecté à internet… elle trouve tout cela passionnant même si comme elle dit “Tout ce qui se passe dans la petit lucarne autre que la télé la dépasse. Elle voit ses fils qui lui ont tenter de lui installer une machine comme la mienne en plus gros (mon ordinateur portable) mais elle n’a jamais essayer de la faire marcher. Le bruit lui donnait mal à la tête.” Elle me pose des questions sur mes voyages et le moindre nom des pays que j’ai vu sonne pour elle comme une lointaine contrée exotique.

 

Je souris mais j’ai une petite boule au cœur.

 

Je me rends compte qu’il y a donc des frontières que certains ne traverseront jamais.

Par manque d’argent, de temps, de connaissances, d’envie d’aller au dela de son monde connu… Je n’ai rien vu de ce que la Terre a à nous offrir ou si peu et pourtant, j’en ai vu plus que nombre de personnes de la génération de nos grands parents. Vous qui lisez et parcourez ces lignes, aussi j’imagine…

 

Avec mes perspectives de voyages, c’est comme si je découvrais les couleurs qui m’entourent alors que la vision de mon futur était plutôt en noir et blanc. Blanc comme la journée au travail, nuit comme le repos suite à cette dernière.

 

Terminus à Zakopane

 

Terminus, je sors du train. Je respire…

Je respire… je respire encore et encore cet air frais et pure. je m’enivre… On oublie cette pureté en ville. Je lève la tête. Magdalena vient me chercher avec sa mine enjoué. Au dessus de la ville, les sommets caressent les nuages et semblent me sourire comme un appel. Demain, nous partirons pour une longue balade de 8h jusque dans la vallée des 5 lacs en Pologne.