8h de vol pour New York City de Bruxelles. Débarqué vers 13h30 à JFK. Je ne ressens rien. Pas encore. Pas pour le moment. Dans la nuit, une star m’attend, Je cherche mes bagages. Je dois être à 15h, heure locale chez mon hôte. Je file prendre le „E train” et je descends à la Roosevelt Av station dans le Queens. Une foule bigarrée me reçoit. 500m plus tard, je me retrouve face à la porte de mon hébergeur américain rencontré via le site couchsurfing. George qui m’accueille les bras grands ouverts, comme si on se connaissait depuis toujours, tout de même un peu surpris de me voir déjà là, si vite. Pas de temps à perdre, pas à NYC.

Je suis dans New York sans l’être vraiment. Personne ne nous a encore présenté la grosse pomme et moi. Gorge s’en chargera quelques heures plus tard.

Ma première rencontre avec NYC

Avant de m’engouffrer dans Manhattan, George me balade un peu aux alentours dans les rues du Queens à l’effervescence aux consonances indiennes, porto-ricaines, espagnoles, colombiennes et j’en passe. C’est un avant-gout, une mise en bouche et la saveur m’est déjà délicieuse. On se croit ailleurs. Partout et nulle part à la fois. Il suffit de traverser une rue pour se trouver dans un autre monde aux sonorités différentes.

La nuit tombe sur New York.

Nous reprenons le métro express direction le centre-ville. Nous descendons à la station de la 5e avenue. George, si bavard jusque là se fait silencieux à mesure que je monte les marches de la sortie du métro. Comme s’il voulait me laisser profiter seul de cet instant quelque peu solennel. Je prends une grand respiration et…

NYC se dévoile en pleine nuit.

J’ouvre grand mes yeux, éblouis, je pousse un petit cri. Je souris bêtement. Je pousse un autre petit cri de joie. J’ai l’impression de retrouver un vieil ami que je connais depuis toujours. Les battements de mon coeur s’accélèrent. La vue des grattes ciels illuminés , se perdant dans la nuit, me donne le vertige. Les taxis jaunes jaillissent de partout, la foule multicolore nous contourne, nous bouscule, s’excuse puis vogue au loin. Je fais crépiter mon appareil tel un paparazzi sans me soucier nullement de la composition, de la lumière, de rien. Je photographie pour le geste. Je m’imprègne de tout. Il n’y aura pas grand chose de concluant photographiquement parlant si ce n’est mes souvenirs et les premières émotions à jamais miennes. Photos de New York City ratées, tant pis, plein de souvenirs emmagasinés.

J’avance en continuant à pousser des petits cris.Avec le recul, cela devait sonner comme un cochon d’inde heureux de manger sa salade. Gorge continue à me noyer de détails sur la démesure de la ville tout en se moquant gentiment de mon enthousiasme débordant. J’entends mais je n’écoute pas. Je n’y arrive pas. “You know nothing Piotr Snow” Je suis tout en extase devant le charme nocturne new yorkais. Je me gave d’images et de sons. Nous remontons rues et avenues qui ne restent pas bien longtemps dans ma mémoire avant une courte balade à l’orée de Central Park. Le silence et le froid m’enveloppe. Autre monde calme au coeur de la capitale tumultueuse.

Nous ne restons pas longtemps, personne ou presque ne s’y trouve et, la nuit, ce n’est vraiment pas conseillé de s’enfoncer dans ses méandres. Un lieu qui, la nuit, redevient sauvage alors qu’à deux pas le monde coure toujours à toute allure.

Je retrouve le Plaza de maman j’ai raté l’avion, le Rockfeller Center, Time Square, Chrisler Building, la NYPD, les jaunes taxis… je vois l’imposant Empire State Building qui se dessine au loin et bien d’autres. On marche et on file dans les rues de NY. On marche, on reprend le métro. Uptown, downtown, tout s’entremêle. J’ai un petit aperçu du gigantisme qui m’entoure et on ne parle que de ce qui se trouve au Sud de Central Park.

Un restaurant à Soho et Dieu au menu

La fin nous tiraille alors nous partons manger dans le restaurant que Gorge nous a réservé. Ce dernier appartient à une de ses connaissances. Fruit des hasards, ils se rencontrent en route sur le chemin du quartier bohème. Small world in the biggest city.

Il est 22h30, le restaurant est plein à l’heure ou ailleurs, dans d’autres pays, tout ferme et s’éteind. NYC comme ses habitants ne dort pas. Un spectacle comique se déroule en bas, au sous-sol. Attention aux passages aux WC car vous pouvez devenir le sujet d’inspirations de celui qui fait le stand-up ainsi que de ses quelques piques et répliques assassines. N’essayez pas de répondre à moins que vous soyez sure que votre repartie fasse mouche, en anglais qui plus est. J’abandonne. Je comprends à peine le quart de ses allusions.

Le plat mexicain est délicieux. On peut dessiner sur la table avec une craie prévue à cet effet. Quelques clients pensent que c’est de la nourriture et la mette dans la bouche. Rire assurés. Nous parlons politique, religion, économie, nous refaisons le monde a coups de tequila. Gorge est croyant. Au final, on parle beaucoup religion. La Bible est son pain et le créationnisme son vin. La joute sophistiques entre le darwinisme que je suis et le créationniste qu’il est dure bien longtemps. Les heures passent. Le ton monte à coup de “Guess what” tonitruant de George. Mais ce n’est pas une dispute, une simple divergence d’opinion. Personne ne convaincra l’autre mais le match fut amusant.

Pour les curieux, l’attaque la plus élaborée de sa part concernant mes convictions reprend à s’y méprendre aux pseudo dialogue entre un professeur de philosophie et deux de ses étudiants (dont l’un se nommerait Einstein, sans doute pour donner plus de poids et d’envergure a cette belle fable). N’empêche que le procédé argumentatif est intéressant 😉 http://www.godandscience.org/apologetics/professor.html

On replonge dans la nuit. On se balade prés du pont de Brooklyn. On remonte dans Upper East Side et on vient s’attabler à un café toujours ouvert à 4h du matin. La fatigue commence à faire effet. Un énorme muffins industriel à la saveur totalement artificiel et un café sans gout plus tard, Gorge reconnait une starlette locale de la télévision.

Une star dans la nuit.

Il s’approche et lui parle a coup de “How you’re doing miss ?” comme si de rien. Les réponses de la starlette sont polies mais fermes, teintées de fatigue. Gorge me rejoint rapidement et m’explique que c’est Sonja Morgan de The Real Housewives of New York City. Il me dit de faire une photo mais je n’ose pas. Elle semble fatiguée, elle ne serait pas à son avantage et j’ai à vrai dire un peu pitié d’elle. Peut-être que cette femme cherche la nuit cette intimité et ce silence que les cameras et les flash lui refusent le jour. Peut-être que je me trompe. Peut-être. Mais je n’ai pas envie de la considérer comme un objet de photo qui n’a pas le droit a la parole. Et je ne prendrai pas une photo car on me dit d’en prendre une.

Nous sortons. Quelques dizaines de minutes plus tard, mes jambes demandent une trêve… nous rentrons. Je suis tombe amoureux de cette effervescence, de cette course en avant. Il y a tant a voir et je n’ai encore rien vu. Je dormirai peu cette nuit. Et les suivantes aussi. Ici, même la marmotte que je suis est transformée.

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