Dormir dans le parc du Serengeti

Il se mit à parler à voix basse comme s’il voulait nous révéler un secret. Une mise en garde. Pour l’entendre, il fallait nous rapprocher. On pouvait s’entendre penser. Il prit sa voix de conteur. Entre chaque phrase, il nous regardait droit dans les yeux. J’avais l’impression de revenir en enfance, comme quand on se racontait des histoires effrayantes sous la lumière des étoiles.

Il commença : “Lorsque la nuit tombe, ne sors pas de la tente sans lumière. Vérifie bien tout autour… ils peuvent se mouvoir en silence entre les tentes. De vrais fantômes ! Si tu peux, sauf urgence, ne sors pas. Surtout pas sans lumière. C’est la lumière qui peut te sauver la vie. Ils n’aiment pas la lumière. C’est rare… mais ils s’aventurent parfois dans le camp. Tu verras, oreilles bouchées ou non, tu entendras leurs mugissements dans la nuit. Ils te réveilleront. De toute façon, je ne pense pas que l’un de vous veuille s’aventurer entre les tentes… mais si tu les rencontres… alors reste calme. Parle fort. Ne fuit pas. Ne leur tourne jamais le dos. Jamais tu ne leur tournes le dos sauf si tu veux mourir ! Tu ne peux jamais deviner à l’avance ce qui se trouve derrière ces yeux fixe qui brillent. Ceux qui mordent sont aussi dangereux que ceux qui ne mordent pas. Penses-tu qu’un gnou de 250kg qui charge avec ses cornes ne présente pas moins de dangers qu’une hyène affamée ?”

C’est ainsi que parlait notre guide.
Plaisantait-il ?
De quels mugissements parlait-il ?
Qui ou quoi s’aventurait entre les tentes ?

Oui, il plaisantait assurément. Il devait plaisantait.

« you are making fun of us ! » « Tu te moques de nous » dit l’une des voyageuses faisant partie de notre route.
– Qui sait ! Dit-il ! Qui sait…
En tout cas, je peux vous dire que s’il y en a un de moins pour le petit-déjeuner, je me réserve sa part de porridge !

Ses yeux noirs brillaient, malicieux, insondables. Il devait se moquer de nous. Face à nos mines quelques peu inquiètes, le voilà amplement satisfait du résultat. Un sourire se dessina peu à peu sur son visage puis le rire le prit. Rapidement, à table, ce fut la contagion.

Je regardais derrière moi. La nuit rougeoyante tombait sur les plaines infinies du parc du Serengeti. Les lumières vacillantes des néons suspendues au plafond du préau rudimentaire, ouvert d’un côté avec du grillage de l’autre, nous donnait des airs fantomatiques.

Nous allions dormir dans un camp ouvert aux quatre vents. Au milieu d’animaux sauvages. Ici, nous n’étions plus en haut de la chaîne alimentaire.

Lorsque vint le temps de choisir sa tente, comme pour braver l’inquiétude sourde qui nous empoignait, je choisis une des plus éloignées du centre du campement.

Long semblait le chemin retour de la toilette sommaire du soir. Les tentes semblaient vivre de leur lumière interne. Des dizaines de lucioles chatoyantes.

J’avançais avec ma petite lampe torche. Le ciel était clair là-haut. Une petite brise bousculait les paisibles branches des baobabs et des umbrellas tree. Je me demandais s’il s’y prélassait quelque guépard pendant la nuit. Les plaines du Serengeti n’était nullement silencieuses. Elles avaient leur vie propre. Loin des villes, il est toujours étrange de faire partie de ce spectacle sonore naturel qui était le quotidien de nos lointains ancêtres et l’est encore pour les courageux Masai vivant dans le parc.

Je me blottis seul dans mon sac de couchage. Ma bravoure de toute à l’heure quant au choix de ma tente avait fléchit en pensant à la mince frontière de toile qui séparait mon paisible cocon intérieur de l’extérieur. Je ne sais comment mais le sommeil vint à moi.

Ce satané guide avait raison. Les boules quies n’y firent rien. Les mugissements dans la nuit me réveillèrent. J’enlevais les boules quies. Il n’y avait pas que cela. Il y avait plus que cela et c’était des plus inquiétant. Il y avait comme un bruit de reniflement. Mais oui bon sang, quelque chose reniflait ma tente. Il y a plusieurs idées qui se bousculent alors dans votre tête. Soit vous vous réfugiez dans votre sac de couchage comme on pouvait se réfugier, enfant, sous les couvertures en espérant que le monstre sous le lit ne nous atteindra jamais… soit on fuit en hurlant de sa tente, soit on attend en n’osant plus bouger., adoptant malgré soi la posture du mort. Délicatement, j’ai pris mon portable et ma lampe, je les ai allumés. Une ombre furtive déguerpit. Je soufflais. Les hurlements nocturnes reprirent de plus belle.

Je ne sais comment je réussis à m’endormir de nouveau avec mon cœur faisant un solo de batterie dans ma poitrine. Peut-être avais accepté mon sort, peut-être que je réussis à me persuader que la toile de ma tente était impénétrable, aujourd’hui encore, je ne saurai l’expliquer. Le lendemain, j’appris que des hyènes s’étaient approchées du campement. C’était l’une d’elle qui avaient reniflé ma tente. Un des guides me dit qu’il avait également aperçu des traces de lion à 50m. Expérience unique que cette nuit sauvage au milieu du parc du Serengeti.

safari en tanzanie

Il fallait se hâter de finir de manger, certes il était encore tôt mais la chasse allait commencer. Chacun préparait ses armes minutieusement. Chacun avait un canon à la main. J’avais hâte de m’en servir.

Quelque chose bougeait derrière un baobab. Des sourires étaient pendus à nos visage. L’excitation était palpable. Ma main était moite. Je retenais mon souffle.
Je suivais l’animal au viseur.

CLIC

J’avais capturé ma première proie. Souvenir éternel bien que flou.
La résidait la magie d’un safari photo. Une émotion comme nulle autre. Un trophée dont on n’avait pas honte car il n’impliquait pas d’abreuver le sol du sang d’animaux emblématiques et, pour certains, en voie de disparition.


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