Lorsque je pense à mon séjour sur Rodrigues, il y a une image qui nettement me revient et me reviendra pour longtemps à l’esprit. Ces longs cous écaillés qui se tendent, curieux, attentifs, vers ma main. Je n’aurai jamais imaginé que l’on puisse caresser une tortue ni que les tortues puissent aimer et ressentir nos délicates caresses.

avouez, entre nous, qu’elles ont l’air adorables comme cela ! Merci à Noémie de trendymood pour les photos qui ont su capturer nos magnifiques moments de complicité

Rodrigues, l’île tranquille

Rodrigues, petite île perdue de l’archipel des Mascareignes. A 1h30 en avion de Maurice, quelques jours en bateau pour les plus patients et épris de la langueur de la mer. On débarque dans un aéroport minuscule avec un air de gare oubliée. Il y a un seul tapis sur lequel on récupère nos bagages, pas de cohue, pas de cris, pas de risques de se perdre dans les labyrinthes de cet aéroport format mouchoir de poche. Normal pour une île de 18km de long pour à peine 8km de large. On sent que le tourisme de masse est loin d’être l’activité principale de Rodrigues. Aurait-il sa place d’ailleurs ?

Il y a une phrase que l’on a tous retenu de court séjour à Rodrigues. « Rodrigues, c’est Maurice il y a 20 ans ». Une perle naturelle et tranquille enrobée de lagons comme un bonbon posé bien loin de nos mains baladeuses. Venir aujourd’hui à Rodrigues c’est ouvrir une page qui, demain, peut-être ne sera plus. Je n’imagine pas comment était Maurice il y a 20 ans. Dur à projeter cette image du passé dans le Maurice bouillonnant d’aujourd’hui.

Dans l’atmosphère, il y a ce parfum de photo kodak jaunie par le temps. Comme un air de carte postale en noir et blanc. Il y a ce wifi qui se rit de nous, nous, les drogués de la connexion. Tu décroches des réseaux par défaut, tu t’accroches par choix à ce parfum nonchalant, cet air entêtant. Cette brise marine qui te berce sur les routes endormies jonglant entre les animaux de ferme qui se baladent comme dans la cour. Chèvres, vaches, poules et tortues se croisent à Rodrigues… bien plus nombreux que ne se croisent les touristes.

La réserve de tortues géantes François Leguat

Ah les tortues. Elles sont belles mes tortues, elles sont vieilles mes tortues. Y’en a des petites, des riquiquis, des géantes, des bronzées, des dodues des fatiguées et des fâchées. Dès la première tortue croisée sur le chemin de la réserve, je ne pus m’empêcher de tendre un peu nerveusement ma main pour la caresser, avec l’approbation du guide. Je suis comme ça moi, un tactile avec les animaux. Rappelez-moi, pour ma santé, de ne jamais m’approcher des lions.

On en apprend plus sur ces tortues géantes durant notre visite. A une époque, l’île foisonnait de tortues. Le sol en était recouvert. On pouvait ne plus toucher le sol et sauter d’une carapace à une autre. Ainsi en allait des vieilles anecdotes décrites par le premier visiteur : François Leguat qui y débarqua avec son petit équipage en 1691 en attendant de se rendre un peu plus loin, à Maurice. Évidemment, comme tout paradis naturel inviolé, il fallut que l’homme y mette son nez. Vous imaginez aisément la suite. Un siècle après leur découverte, il n’y en avait plus. Un vrai carnage. Les marins ont tout exterminé. La tortue pouvait se conserver 3 mois sans boire et manger sur le pont, cela en faisait une réserve de viande substantielle facile à capturer, ce qui signa son arrêt de mort rapide.


Les tortues endémiques (natives) de l’île ont donc disparus. Après la mise en place d’un écocystème propice, des tortues ont été réintroduites en 2006. Il y a actuellement plus de 1000 tortues géantes de géantes d’Aldabra ainsi que des tortues étoilées. La pouponnière compte également les prochaines générations de futures tortues géantes qui participeront certainement au casting du prochain film des tortues ninja.

La balade dans la réserve est vraiment une superbe expérience. Je fus vraiment surpris du comportement curieux et joueur de ces tortues, surtout celles du Canyon Tiyel, qui ne manquent pas de vous courir  après -si, si, courir, c’est le mot, vous verrez, je ne plaisante pas-, avides de caresses pour certaines. Elles sont habituées à l’homme et apprécient visiblement la compagnie. Si elles sont faces à la pierre, dos à vous, c’est que c’est comme avec les femmes, elles boudent.


François Leguat, giant tortoise & cave reserve
Un immanquable donc. Faire la visite guidée, fort pédagogique, c’est également participer au financement de la réserve, à la préservation de cet écosystème et à la sauvegarde de cette espèce native disparue et réintroduite dans son milieu naturel.
Vous pouvez même adopter une tortue. Si j’étais pas un peu ric rac avec l’achat de l’appartement, je pense que je l’aurai fait. Mais bon, je suis un pingre. Mais ce n’est sans doute pas votre cas car vous, cher lecteur, vous, je le sens, avez un cœur. Alors adoptez une tortue mais ne l’appelez pas Piotr. Si elle hérite de mon caractère, elle vous ruinera en bouffe, méfiez-vous.

  • Prix : environ 12€ par adulte et 6€ par enfant.
  • Visite guidée : environ 1h30 – 2h
  • Site internet : lien

Direction la belle Rodriguaise

On a marché sur un petit sentier depuis notre hôtel le long des plages d’un blanc immaculé de Rodrigues. Il n’y avait personne. Personne, vraiment, si ce n’est, dans l’eau, quelques kitesurfeurs avec qui je serai bien parti faire un peu d’initiation.


Lorsque par un jour gris, vous vous « promenez » au milieu des allées sombres du métro parisien, avec quelques fois cet odeur âcre de pisse qui vous prend aux narines et que vous voyez ces photos irréelles, ensoleillées, d’un monde aux plages isolées, bordées d’une eau cristalline et bien dites-vous que cela pourra très bien être les plages de Rodrigues.

Je te laisse te dire que tu es là, un instant, les pieds dans ce sable chaud, ce sable blanc, avec la furieuse envie d’assouvir le désir brûlant qui te ronge de plonger dans la flotte. Crois-moi, cela vaut les meilleurs anti-dépresseurs.

Puisque l’on n’était bien en avance sur l’horaire pour notre repas au bord de la plage, même si je n’avais pas mon maillot de bain sur moi, je n’ai pas pu m’empêcher de foncer dans l’eau tel un gosse énergique trop longtemps retenu à la table des parents et saoulé par les discussions politiques. -oui, j’aime les comparaisons alambiquées-

L’attrait était irrésistible. L’eau des plus agréables. Si on m’avait dit, ok vas-y, mais vu que tu n’as pas de maillot, tu ne peux y aller qu’à poil. Je serai parti dans l’eau à poil. A part les filles et Guillaume, on se sentait seuls au monde. On était d’ailleurs seuls. Guillaume et moi on n’avait déjà partagé un massage à Maurice, on était comme des frères, sans rien à se cacher. Les filles ont déjà vu pire dans leur vie qu’une crevette qui patauge dans la flotte.

C’est assouvir ce genre d’envie irrésistible qui pour moi fait tout l’attrait d’un voyage. Je n’avais évidemment pas prévu de serviette mais la petite brise et le soleil ont eu tôt faire de m’assécher et cette dépense d’énergie m’a ouverte l’appétit ; or, justement, on avait un repas qui nous attendait.

Repas au bord de la plage à la belle Rodriguaise

La Belle Rodriguaise c’est un petit hôtel à l’atmosphère familiale tenu par Françoise et son mari . Une senteur de bienvenue typiquement créole. Un petit cocktail en guise de bonjour que je bénirai après la baignade comme un marcheur du désert. On descend à la plage le long des chambres aussi colorées que les fleurs alentours.

Là, un petit coin cuisine avec son chef et ses commis et tout ce qu’il faut d’ingrédients locaux pour nous préparer de bons petits plats créoles. Ça chante, ça coupe, ça fait mijoter le tout dans la joie et la bonne humeur. Je n’arrêterai pas de faire des allers-retours entre la cuisine ouverte et l’océan puisque je m’entichais du chien qui jouait entre nos jambes et il fallait avoir les mains propres pour participer à la cuisine. J’ai rappé un légume, je ne sais plus lequel -le gros truc vert là-, histoire de faire bonne figure. Moi, de toute façon, ma spécialité, c’est manger. Boire et manger, alternativement.

la saucisse sur pattes que je caressais au lieu de cuisiner et prendre des photos. Vous remarquerez qu’il avait la même couleur que la tarte plus haut. Coincidences ? Je ne crois pas !

la dream team en train de picoler.

Il y avait un bon cocktail de rhum frais et même après quelques verres de plus que mes camarades, je peux vous dire que le repas n’avait rien à envier à la boisson. Une expérience culinaire à ne pas manquer sous aucun prétexte.

 Trou d’argent : la crique perdue

Je me souviens de mon impatience à m’y rendre après avoir passé un peu de trop de temps à attendre à la tyrolienne. Sur la route qui longe la côte est, ce n’est pas la seule crique. Grande anse, Anse Bouteille, Bouteille de grande anse (non celle-là c’est le fruit de mon invention). On marche à travers les bois, Guillaume et moi, pressant le pas de la guide.

Fin de soirée, le soleil se couche. On a la plage pour nous ou plutôt, j’ai la mer pour moi. Je suis le premier à sauter à l’eau. Les autres, en professionnels, font les photos qui immortaliseront ce moment pour le partager avec leurs lecteurs. Moi je suis par bien des côté, trop égoïste, je préfère le vivre, ce moment. Pour les lecteurs, on verra plus tard.

Je nage jusqu’à la barrière de corail où les vagues vont s’échouer avec fracas. Cette barrière sépare les eaux comme les cases de dessin numérotées de mon enfance. Si si, vous savez, celles avec 2×3 = rouge et 3+5 = jaune. Les nuages sont des pétales dérivant dans le ciel. Je n’ai pas froid dans l’eau. Je jongle un peu avec la GoPro en évitant les quelques remous et les coupures sur les coraux à fleur d’eau.
A Rodrigues, je ne peux que répondre à l’appel irrésistible de la baignade. Puisque l’on parle de baignade…

Snorkelling à la pointe Grenade

Rien que de se rendre à cette plage perdue constitua un exploit. Je crois que l’on prit la mauvaise route, je me souviens que l’on faillit finir embourber et que l’on rappa le dessous de caisse sur une roche. Une vraie aventure pour s’y rendre. On s’est changé derrière les WC, les filles dans une cabane de tôle. On aurait dit l’ambiance sortie colo de vacances.

On prend masques, palmes et tubas avant de filer en petite embarcation jusqu’à la barrière de corail. Là c’est plongeon sur plongeon en se laissant porter quelques fois par le courant. L’instant magique fut quand Maider se cogna la tête contre le corail alors qu’elle nageait dos au fond. Je crois que même les bancs de poissons se sont foutus de sa gueule. Cela m’a rappelé notre dernier voyage en station, au Dévoluy, où elle a fait une belle chute à plat dans la neige.
Avec les bonnes personnes, chaque voyage devient une sorte de sortie entre portes.

La Tyrolienne à Rodrigues

Bon, je ne vais pas être objectif. Je n’ai pas trouvé cela renversant. Certes, je me suis retrouvé la tête en bas… Ok, ok, la plus longue avec 420m de long à la montagne malgache est assez distrayante, faut avouer, sans plus. Néanmoins, je connais un peu ce genre de sensation et je vous joue le côté blasé.
Notre groupe était assez nombreux et l’attente fut longue. Ce qui réduit par la suite le temps disponible pour nager

moi en mode sac à patate sur la tyrolienne. Merci à Betty de Trip in Wild pour la photo

Tyrolienne à la montagne Malgache

  • Prix : environ 25€/prs
  • ouverture 7j/7 de 9h à 17h | Durée : 45min à 2h (suivant la taille du groupe)
  • Contact : Tel : +230 5499 6970

La caverne Patate

Appelée aussi caverne Mac Do, on l’appelle ainsi pour ses célèbres fondues hivernales que l’on organise lorsque la neige tombe sur les hauts sommets de l’île.
C’est faux, évidemment. C’est simple, je ne sais plus l’origine du nom de cette grotte millénaire -une des 25 que compte l’île de Rodrigues– qui descend jusqu’à 100m sous terre avec une hauteur sous plafond allant jusqu’à 20m, sa forme peut-être ?
La visite obligatoirement guidée est plus ludique que pédagogique. On a droit à quelques anecdotes et le jeu consiste surtout à deviner les formes engendrées par l’éclairage sous un angle précis des stalactites et des stalagmites.
Découverte de la caverne Patate

Flâner à Port Mathurin

Port Mathurin, c’est le New York de Rodrigues. La capitale où tout se passe, le stress en moins, le sourire en plus. Il y a une douzaine de longues rues parallèles de type 5th avenue à la rodriguaise. Pour tout vous dire, c’est plus que tranquille. Presque aussi tranquille comme une rue espagnole lors de la sieste^^ On a même pu entrer quelques instants dans le centre politique rodriguais, le lieu où tout se décide façon House of Cards.

Faites gaffe au ti-piment. Cela vous arrache la tronche ces trucs-là. C’est une arme  culinaire de destruction massive. Noémie en a confondu avec le guacamole, depuis, elle crache du feu…

saucissons qui sèchent aux fenêtres dans la rue de la capitale rodriguaise 🙂


J’ai acheté quelques souvenirs dans une des boutiques. Un nouveau collier à ajouter à ma collection. Oui, j’assume mon penchant pour les bijoux de surfers australiens… bien qu’il me manque le côté surf ainsi que le côte BG australien.


Faites un saut au centre d’artisanat solidaire Care Co. Grâce à eux, les personnes en situation de handicap ont du travail.

Se poser à Rodrigues

Il n’y a pas beaucoup d’hôtels, comme je l’ai dit, Rodrigues est loin du tourisme de masse.
Nous sommes rester à l’hôtel Mourouk Ebony. Des petits bungalows cosy avec vue sur l’océan. Le buffet était copieux mais ne m’a pas laissé un souvenir impérissable. Pour le prix, je m’attendais tout de même à mieux. A noter quelques problèmes de douche chez les voisines, chez moi c’était ok.

Vous pouvez aussi profiter des cours de kitesutf proposés par l’école Friendly Global Kite school. Son directeur, Willy, avec lequel on a pris un verre nous a conseillé un stage minimum d’une semaine pour de l’initiation.

Mourouk Ebony Hotel

Nous avons également profité d’un bon petit déjeuner à l’hôtel Bakwa Lodge à Mourouk qui dégageait une atmosphère des plus calmes et plaisantes. On a pu visiter les chambres, une décoration de goût. Il faut prévoir votre réservation à l’avance car l’établissement est fort demandé. Entre l’Ebony et le Bakwa, même si l’on a pas testé le Bakwa, mon coeur penche pour le Bakwa.
Bakwa Lodge

  • Lien site Internet | Var Brulé, Port Sud-Est, île Rodrigues
  • Prix : à partir de 225€ par nuit (minimum de 3 nuits).

Ce voyage a été réalisé avec l’invitation de l’office du tourisme de l’île Maurice et l’office de tourisme de Rodrigues. Je reste, comme d’habitude, libre de mon avis… (encore heureux)