Depuis tant d’années certains de ces vieux clichés prennent la poussière comme des Madeleines de Proust oubliées à côté d’un thé jamais servi. J’avais tant d’espoirs alors de réussir à partager, d’une manière ou d’une autre, avec mon appareil photo, les premières impressions, les premières émotions d’une ville dans laquelle on a tous laissé un peu de notre enfance au travers des films et séries américaines. Je crois que l’on a tous virtuellement croqué dans la grosse pomme.

New York la nuit

Entre mon séjour autrichien et le départ de mon reportage en Serbie, il y avait ce vieux dossier (comme tant d’autres) qui n’attendait plus qu’on l’ouvre de nouveau. Il y a toujours un fossé entre ce que l’on a ressenti, ce que l’on souhaite transmettre, ce que l’on a vu. L’oeil envoie une information au cerveau mais le cœur en voit une tout autre.

Comment rendre un peu de ce surréalisme teinté des couleurs d’un Batman de Nolan, dans une sorte de néo-Gotham aux couleurs psychédéliques de Roger Rabbit. Le matériel de départ n’était pas de toute première main. Néanmoins les progrès des logiciels ainsi que l’amélioration de ma maîtrise de ces derniers m’ont permis de jouer un peu avec les curseurs pour raviver des souvenirs ternis par les ans.

Time Square

Mon hôte du couchsurfing avait décidé d’accompagner le jeune homme émerveillé face aux écrans géants illuminant les ténèbres tel un papillon de nuit. Cette effervescence même qui vous accroche et vous paralyse. Autour de nous crépitait les inutiles flash d’appareils photos. Il n’y avait pas encore les smartphones d’aujourd’hui (à lire, comment faire de meilleurs photos avec son smartphone) qui fleurissent aux concerts et dont les lentilles sont aussi bonnes, sinon meilleures, en basse lumière que mes objectifs actuels.

Les fumerolles de NYC

J’étais captivé par ces cheminées vomissant leur vapeur d’eau tels les rejets de volcan du Mordor. On aperçoit des ombres fugitives qui se faufilent dans le labyrinthe de ces brumes à toute heure de la nuit, fantômes errant surgissant de nos rêves. J’avais en tête un mélange entre le clip vidéo de Mickael Jackson, Thriller et le Londres enfumé de Jack l’éventreur lorsque j’essayais de capturer cette ambiance si particulière. Un jour je ferai un petit film de voyage sur New York et je sais que cette atmosphère brumeuse sera dans mes plans.

La gare de New York : Grand Central Terminal

J’ai un faible pour les gares, bien plus que les aéroports. J’ai un faible pour cette facilité que l’on a de simplement pouvoir monter dans un train et de partir au loin dans un monde inconnu tant que l’on n’ouvre pas son smartphone pour en saisir un condensé façon Trip Advisor.

Je crois que c’est le syndrome Poudlard mêlé aux rêves de l’Orient Express. Mon histoire personnelle est également mêlée aux trains. C’est ainsi que je suis arrivé en France peut après la chute du mur de Berlin, dormant sur les genoux de mon grand-père disparu depuis. J’aime beaucoup la convivialité des trains sur les longs trajets. J’ai passé des jours entier dans les trains chinois, roumains et ukrainiens à échanger, partager avec les occupants. Je rêve toujours de Transibérien et de pause sur le Lac Baikal ou d’un voyage sur le luxueux Orient Express…

New York sous la neige

On annonçait une énorme tempête. Je me rappelle que mon hôte s’amusait à m’effrayer en m’affirmant que je n’arriverai probablement pas à décoller et que je resterai bloquer quelques jours de plus dans ce terrible snow storm. Les américains maîtrisent les superlatifs comme personne. Un peu de neige est tombé sur NYC mais il n’y eut pas de snowapocalypse comme annoncé.

Quelques rencontres

Ce joueur de saxo dans le métro de NYC, ce gars délirant au costume de folie me faisant penser au clip de Mac Lemore, les flics sympas de Time Square qui prennent la pause 2min pour les touristes. Ces gens croisés dans le métro, les ruelles sombres du Queens ou de Brouklyn avec qui je n’osais pas sortir ma caméra trop imposante de peur de la voir disparaître. Je ne serai jamais un bon photographe de rue pour ces raisons, il me faudrait un petit Leica passe partout pour cela…

Je n’oublierai pas non plus cette star locale vivant dans le Upper East Side, le coin huppé de NYC (Gorge mon hôte l’a reconnu) qui mangeait un muffin, assise dans la dernière rangée dans notre café vers les 2h du mat et que je n’ai pas voulu déranger pour un simple photo car j’imaginais que c’est justement ces instants de tranquillité et de vie privé qu’elle venait chercher au milieu de la nuit. Après photographe de rue, c’est la carrière de paparazzi qui me fermait les portes.

Les dernières images de New York de nuit je le garde alors que notre avion venait de quitter le tarmac du mythique tarmac de l’aéroport de JFK. J’avais les yeux rivés au hublot d’une forte nostalgie qui déjà me faisait penser à mon prochain voyage, mon prochain retour avec ses formalités comme le visa esta et la vérification que mon passeport ne comporte pas les tampons de pays malvenus…