Devenir adulte, c’est devenir raisonnable. J‘ai l’impression que ma génération, celle que l’on nomme la génération Y, et la suivante, les millenials, ne souhaitent pas vraiment devenir raisonnables. Ne souhaitent pas devenir “adultes”. Mais peut-être cette impression est-elle fausse ?

J’ai cette sensation, avec ceux avec qui je discute, mon entourage, je ne prétends donc pas connaître la situation de l’ensemble des français, qu’il y a une sorte de rejet du schéma traditionnel : études, famille, travail, retraite. Avec la retraite comme seul période de réelle liberté pour découvrir, se (re)construire, voyager. Avant cela, on se doit de se sacrifier pour la société, l’entreprise, sa famille avec, justement, en guise de récompense de ce sacrifice, la retraite, période de liberté tant convoitée.

Beaucoup, dont moi-même, ne croient plus en ce schéma. Ne croient plus en cette promesse. Personnellement, je ne sais pas si ma génération, ou celle d’après, en dehors de quelques couches sociales privilégiées, si nous aurons une retraite qui nous permettra autre chose que la simple survie. Si retraite il y a…

Cela fait des années que nous sommes “en crise”. Que l’on nous demande de faire “des sacrifices”. Qu’au fond, on a cette impression que rien ne change. On nous vend du pessimisme, on nous nourit avec du défaitisme, on nous demande de nous taire à coups de pragmatisme. On jure toujours et jaugeons “demain” à l’aunme de mots absurdes et dénués de sens comme “croissance”, “production”, “consommation”. Beaucoup d’entre nous se retrouvent alors dans une vraie quête de sens de leur vie sans attendre que d’autres leurs fassent la promesse de solutions miracles.

Quel rapport avec le voyage ?

Lorsque nous sommes enfants, nous avons tous des rêves. Beaucoup de ces rêvent riment avec le mot “voyage”. Et beaucoup de ces “voyages” ne semblent pas “raisonnables”. Mais être seulement “raisonnable” nous permet-il d’être heureux ? Abandonner l’enfant que l’on était, celui qui était ébahi pour un tout, pour un rien, celui qui souriait pour un tout, pour un rien est-ce le seul moyen de devenir adulte ? Ne peut-on pas faire cohabiter les deux ?

Si on garde l’enfant qui reste en nous. Si on ne le rejette pas. Si on construit la personne que nous devenons jour après jour en tenant cet enfant toujours par la main, à notre rythme, n’est-ce pas le meilleur moyen de construire un monde meilleur ? Avec de l’optimisme, des sourires, une certaine naiveté et joie de vivre ?

Si les enfants d’hier n’étaient pas tous tant préoccupés par le fait d’ajuster leurs rêves dans le costume étriqué des adultes raisonnables d’aujourd’hui, qui sait quel monde pourrions-nous construire, dès maintenant, pour les enfants de demain.


photo : inspiration Norvège