Elles lui manquent tes lèvres
Plus de deux mois que la route vous sépare.
Je le vois dans le teint de ses yeux
Hagards, orgueilleux, qu’aucune femme n’émeut

Il n’est marin d’aucune mer
Mais malin comme un singe
Sage, point happé par les facilités du voyage
Comme tant d’autres âmes voguant solitaires

Prenant pour concubines, d’autres âmes rincées
Élimées par les plaisirs éphémères
D’un amour mécanique.
Mais lui il est fort, oh qu’il est fier,

Il attend le retour à bon port.
Tes bras délicats, ton sourire mutin
Il presse de te faire l’amour
Comme un homme qui aime

Avec la vigueur du printemps
La langueur de l’été

Celui-là même,
Qui comme tant d’autres
Par des promesses d’ailleurs
Vous fut dérobé.

Alors en Finlande il ira
Car c’est là-bas qu’on l’appelle
Ton homme. Encore.
Il ira.

Inlassable, il bandera,
Ses muscles soudés
Sous la douche, tendus
Par milles soupirs chuchotés.

Elles lui manquent tes lèvres

Les siennes sont gercées, fanées, brisées
Elles gisent à ses pieds, démunies, poussiéreuses,
Écrasées par les doutes

Il se pose.
S’élève dans les cieux mille pensées
Par d’autres, bien mieux formulées.

Sera t-il encore une fois
Le conquérant de ton coeur
Ou cet inconnu devenu
Par de banales circonstances
Étranger à ton âme.

Car, je l’avoue,
Il le dit

Elles me manquent tes lèvres…

Image Finlande : photographe Dmitri Motti