La Corse est un joyau. Pourtant, alors étudiant, à Lille, dans le ch’nord, j’avais des idées préconçues sur l’île de beauté. Un peu comme d’autres en ont sur ma Pologne natale (dont sont justement originaires beaucoup d’anciens mineurs du nord de France). Pour ma défense, je dirai qu’à une époque, j’étais biberonné aux médias. Mon esprit critique et curieux était notoirement dormant si ce n’est inexistant. La Corse, sous le prisme réducteur du journal de tf1 ou du 6 minutes sur M6, c’était un coin ou les écologistes locaux faisaient exploser de temps en temps une villa de parisien, histoire de se divertir. S’en suivait une course de cache cache à la Benny Hill où les bandits se réfugiaient alors dans ce «maquis corse ».corse gr20 (6)

Le maquis corse ce lieu magique telle les légendes du roi Arthur, un trou noir, folklore local, d’où il était impossible d’extirper un fugitif. Au sein de la police, personne ne semblait se presser pour déloger des broussailles un membre de la famille aimant jouer avec les explosifs, parfois avec les armes. A chacun ses passions après tout. La Corse cette grande plage constamment bercée par le soleil, parsemée de quelques villages assoupis et de villas au bord de mer, lieu idyllique s’il en est pour tous ceux pressés d’accélérer la croissance de leur cancer de la peau. Or moi, à la plage, je ne peux pas rester inactif. M’offrir sans bataille au soleil tel un cadavre attendant son cercueil, très peu pour moi. Soit je nage, soit je creuse des trous de 2m dans le sable qui font l’admiration des passants et la terreur des parents qui voient leur gamin y disparaître. (je conserve encore, à la vue du sable, cette irrésistible désir de creuser des tranchées). Bref, la Corse en terme de plages ne m’intéressait guère. Des plages avec du sable ne manquent pas en Europe. En ce temps là donc, j’avais une vision fort limitée de la Corse. Une sorte de bac à sable géant pour parisien blasé. J’étais jeune et con, abruti par les poncifs du 20h.

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Voyager brise certains stéréotypes. Voyager change votre paradigme. Et c’est dans cet « ailleurs » exotique, en Nouvelle-Zélande où, lors d’une soirée commémorant le 50ème anniversaire de l’ascension de l’Everest, on me vanta les chemins pédestres de l’île de beauté comme les plus beaux d’Europe, que ma vision de la Corse changea. Un changement radical. On associa la Corse à un nom mystérieux et attirant. Le 007 de la randonnée (période Roger Moore) : en clair, le mythique chemin de grande randonnée répondant au nom de code Gr20

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Je n’avais jamais fait de longs treks de ma vie mais mon interlocutrice était fort persuasive. Je partis seul, l’été même, à l’assaut des massifs corses. J’étais vierge de toute expérience. Elle avait, comme toutes les femmes, et à plus forte raison les lectrices qui me lisent, raison. C’était une étourdissante première fois. Les chemins montagneux de Corse sont splendides. Rudes. Exigeants. Mais, telle une romance estivale d’adolescent, ils emportent vos émotions. L’île fit de moi un nouvel homme. Dans la radicalité de son expérience. Dans la beauté brute de l’effort. Nourrit à coup de saucisson corse, de fromage de berger et de confiture d’oranger. Là ou notre corps paye pour le paysage, l’âme s’élève. Lorsque tu avales les kilomètres dès l’aurore pour voir, vivre, sentir, subir, tu réapprends la définition du mot authentique. Avec le recul c’est étrange. Je ne connais même pas le nom de cette adorable sexagénaire qui sut faire naître en moi une telle passion. (pour les montagnes, je précise…)corse gr20 (7)

Et peut-être la curiosité est-elle un défaut qui se bonifie avec l’âge, comme le vin. Au départ, on ne s’intéresse qu’à la surface, aux apparences, sans entrer dans les détails. Les détails que sont l’histoire, l’architecture, l’expérience culinaire, les hommes, la lumière caressant les paysages qui requiert des amateurs de photographie tant d’investissement et de patience… La Corse a plus de personnalité que ses plages. On a toujours envie d’en connaître plus sur celle qui nous fait tourner la tête.

A découvrir en Corse

  • le site préhistorique de Palaggiu, sur la commune de Sartène, recensant pas moins de 258 mégalithes… ce qui pourrait ravir mes collègues du blog un sac sur le dos, passionnés par cette discipline et ayant un talent naturel pour vous y convertir.
  • Le musée régional d’anthropologie de la Corse http://www.musee-corse.com/index.php/fre
  • Les amoureux des vieilles pierres feront un tour non loin de Bonifacio, pour découvrir la Chapelle Saint Jean Baptiste de Pruno, à Figari. Ces vestiges classés monument historique en 1977, remontent au XIIème siècle : le site
  • A 3h de là, au bout de la route des Sanguinaires vous attend la pointe de la Parata qui ouvre la vue sur ce magnifique archipel. http://www.parata-sanguinaires.com/
  • Les magnifiques sentiers de randonnée, dont le Gr20, n’oubliez pas que pour éviter les risques lors de ces marches sportives et être couvert lors de vos activités outdoor et en général lors de votre voyage, il vaut mieux avoir souscrit une assurance voyage

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