Avant de se lancer la première fois sur un long trek, on ne comprend pas vraiment l’énergie qui pousse ces gens à marcher des jours et des jours, de longues heures durant à suer, de tout temps, avec un gros sac à dos. Est-ce parce que certains aiment souffrir ou y’a t-il autre chose ?

Le tour du mont Blanc

Alors que la médiatisation de l’Ultra Trail du Mont Blanc (UTMB) grandit d’année en année, peut-être avez vous entendu aux infos les échos des exploits de l’extra-terrestre Kilian Jornet ou de nos fiers représentants cocoricos comme Xavier Thevenard (gagnant 2018) ou encore François D’haene (3 fois vainqueur). Sur l’ultra trail du Mont Blanc où naissent les légendes de la discipline, il vaut mieux, pour admirer le départ et l’arrivée, ressentir l’électricité dans l’air avant le coup d’avant et donner de sa voix pour les survivants de la traversée, louer une chambre bien à l’avance. Le Refuge des Aiglons, hôtel 4 étoiles à Chamonix, saura justement convenir à tous. (en plus il y a une blanchisserie avec pressing, idéal pour un décrassage post-course 😉 Quand bien même le trail n’est pas fait pour vous, vous ne pouvez pas manquer le plaisir de faire tranquillement le tour du Mont Blanc en passant par les beaux paysages de France, de Suisse et d’Italie, croyez-moi, cela vaut amplement l’effort. Lorsque vous portez votre regard sur le Mont Blanc depuis Chamonix comme le font Horace-Bénédict de Saussure qui rendit les Alpes célèbres par son livre « voyage dans les Alpes » et le guide Jacques Balmat qui a réalisé la première ascension du Mont Blanc avec le médecin Michel Gabriel Paccard, vous ne pouvez pas vous empêcher de porter au loin votre regard et de rêvasser à ces magnifiques cimes caressées par les dernières lumières. Il y a une émotion qui vous porte plus haut dans votre coeur, d’en bas, en sécurité, on n’a envie de prendre les risques pour voir le monde d’en haut. Le Mont blanc reste un aimant à rêveurs. Lorsque vous faites le trek du mont Blanc, vous aurez tout loisir de savourer ces instants, au milieu de massif majestueux, alors que se déroulent devant nous les sentiers.

Le Gr20

Je ne pouvais pas vous parler des beaux sentiers qui m’ont émerveillé en France sans mentionner celui qui a la réputation d’être l’un, sinon le, plus difficile trek d’Europe. Aussi beau que difficile, sans nul doute. Les 180km du Gr20. Ce sentier mythique en Corse est vraiment dangereux. Dangereux car il risque de vous envoûter à jamais et de conquérir votre cœur comme il l’a fait pour moi. C’est par ce premier grand trek que j’ai commencé à vadrouiller pour de longs treks en montagne et je n’ai pas cessé de vouloir poursuivre depuis. Il y a quelque magie noire qui vous ensorcelle et vous amène à redemander encore et encore d’arpenter durant de longues heures, de longs jours les sentiers qui usent vos forces du matin au soir. Mais que de souvenirs uniques. De la pierre sèche et froide du nord en passant par les plaines et les forêts du sud… quel plaisir que de se baigner, en été, par une magnifique après-midi dans les sources fraîches qui dévalent des montagnes. La rugosité des refuges avec des gardiens d’autrefois comme on ne les fait plus. C’était plus que spartiate dans bien des cas et je vous avoue que j’espère que cela s’est un peu améliorer depuis car les tiques de lit n’étaient pas les bienvenues lorsque vous cherchiez, durant la nuit, quelque repos salvateur. Mais au réveil, après un café et quelque pas pour sortir de sa torpeur, le corps réagit comme à un appel des profondeurs, il se met en branle et les kilomètres défilent. En temps normal, 15 jours seront nécessaires pour aller de bout en bout. Les plus gourmands doubleront sans aucun doute les étapes. On ne vous en voudra pas, je l’ai fait moi-même la première fois mais je prendrai mon temps pour mieux savourer à la seconde.

Le Tour du Brec de Chambeyron dans le massif de l’Ubaye

Ce trek ne vous parlera sans doute pas beaucoup. Il n’est pas aussi connu que les autres que je cite dans cet article et si vous souhaitez justement la tranquillité à tout prix sur les sentiers, je ne peux, à juste titre, que vous le conseillez.
Je garde en mémoire notre passage au refuge de Chambeyron dont je garde toujours en mémoire l’excellente tarte et l’énergie du jeune couple qui le gardait alors Virginie et Romain accompagné de leurs 2 enfants qui avaient là un magnifique terrain de jeu. J’envie la jeunesse de ces gosses qui, à jouer au pied de ces montagnes et de ses lacs, se forgent sans doute les plus beaux souvenirs de leur vie. Souvenirs qu’aucune heure passée à regarder l’écran, avachi sur le canapé, ne pourra remplacer. Il y a un paysage que je garde en tête, celui après le lac des 9 couleurs, après la tête de Frema (dont je vous conseille l’ascension pour la belle vue qui se dégage à 360°), paysage qui, par sa similarité, me rappelle les paysages arides et secs du Ladakh en Inde, près de Leh et de ceux que j’ai retrouvé également en faisant le tour de l’Annapurna après le col de Thorung la Pass, une fois que vous avez dépassé Muktinath. Ces montagnes aux pointes acérées semblant vouloir déchiqueter le ciel. La végétation qui a fuit les lieux, avalée par le soleil. Cela fait tellement contraste avec les vertes prairies de la montée de la veille jusqu’au refuge.

GR 54 : le Tour du Queyras

Je suis parti de Paris en début de soirée et le matin, me voilà prêt au départ à la gare de MontDauphin. Quel plaisir unique ces trains de nuits qui sillonnent le France et qui malheureusement, peu à peu disparaissent dans nos contrées. Ce plaisir de fermer les yeux et de s’éveiller au petit matin avec un autre paysage à découvrir. Je me souviens de cette matinée bien fraîche qui m’attendait pour m’élancer au refuge de Furfande. Peu après 10h, le soleil donnait déjà des coups sur la sente, la marche était agréable. Comme à chaque fois en pareil occasion, j’exultais de l’intérieur, me sentant comme un Bilbon solitaire marchant vers une nouvelle aventure. La chaleur était assez suffocante jusque vers 13h mais au fur et à mesure de l’ascension, c’est un peu comme si les saisons passaient devant mes yeux. Les dernières caresses de l’été, voici l’automne et bien plus haut, à ma grande surprise, c’est l’hiver qui m’attendait avec un bon 20cm de neige fraichement tombée. J’étais seul à faire la trace dans le silence blanc.

Le trek des volcans d’Auvergne

Je revenais d’un voyage en Norvège, la barre des attentes était haute. J’étais curieux de découvrir les paysages auvergnats mais j’avais quelques appréhensions des quelques contraintes de ce reportage, avec un guide qui pourrait m’enchaîner à son pas. Ce ne fut absolument pas le cas. La bonne humeur était de mise et la montagne, aussi petite soit-elle, a le don de vous récompenser de beaux moments. De plus, quand on en a jamais assez, on peut aller les chercher comme ce fut le cas pour ce lever de soleil au Puy de Dome, un petit running de 2h AR qui vous apporte des sensations uniques, surtout lorsque vous ressentez la force des premiers rayons qui vous éveillent. La bonne surprise de ce trek fut également, sur sa fin, le massif du Sancy qui avait cet air austère, aérien, alpin…